06.05.2013 Views

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 287<br />

Je regrette de ne pas trouver, sous la plume savante de M. le chevalier Bunsen, la<br />

traduction suffisamment exacte de cette phrase plus pleine de sens qu'il ne lui en<br />

attribue 1 . Jules Africain ne dit pas, ainsi qu'on pourrait l'induire des expressions dont<br />

se sert le savant diplomate prussien, que le culte des animaux sacrés fut, pour la<br />

première fois, introduit, mais bien qu'il fût officiellement reconnu, étant déjà ancien.<br />

Quant à ce dernier point, je m'en rapporte aux nègres pour n'avoir pas manqué, dès<br />

l'origine de leur espèce, de calculer la religion sur le pied de l’animalité. Si donc cette<br />

adoration de tous les temps avait besoin d'être consacrée par un décret pour devenir<br />

légale, c'est que, jusque-là, elle n'avait pu rallier les sympathies de la partie dominante<br />

de la société, et comme cette partie dominante était d'origine blanche, il fallut, pour que<br />

se fît une révolution aussi grave contre toutes les notions arianes du vrai, du sage et du<br />

beau, que le sens moral et intellectuel de la nation eût déjà subi une dégradation<br />

fâcheuse. C'était la conséquence des innovations survenues dans la nature du sang. De<br />

blanche, la société active était devenue métisse et, s'abaissant de plus en plus dans le<br />

noir, s'était, chemin faisant, associée à l'idée qu'un bœuf et un bouc méritaient des<br />

autels.<br />

On peut être tenté de reprocher à ceci une sorte de contradiction. Je semble donner<br />

toutes les raisons et rassembler toutes les causes d'une décadence sans miséricorde<br />

dans les mains même du premier roi Ménès et, pourtant, l'Égypte n'a fait que<br />

commencer sous lui de longs siècles d'illustration 2 . En y regardant de près, la difficulté<br />

apparente s'évanouit. On a vu déjà, dans les États assyriens, avec quelle lenteur s'opère<br />

la fusion ethnique étendue sur un grand ensemble. C'est un véritable combat entre ses<br />

éléments et, outre cette lutte générale dont l'issue est très facile à préciser, il y a sur<br />

mille points particuliers des luttes partielles où l'influence à laquelle est assurée, par la<br />

raison de quantité, la victoire définitive, n'en subit pas moins des défaites momentanées,<br />

d'autant plus multipliées que cette influence se trouve aux prises avec un<br />

compétiteur, en lui-même, bien autrement doué et puissant. De même que sa victoire<br />

sera la fin de tout, de même aussi, tant que la vie, importée par le principe étranger, se<br />

manifeste, la puissance dont l'inertie est le caractère reçoit échecs sur échecs. Tout ce<br />

qu'elle peut, c'est de tracer le cercle d'où son adversaire finit par ne pouvoir sortir, et<br />

qui, se rétrécissant de plus en plus, l'étouffera un jour. Ainsi en advint-il de l'élément<br />

1 Voici le texte et la traduction de M. de Bunsen : (Phrase en langue étrangère) Kaiechos... Unter ihm<br />

wurde die gœttliche Verehrung der Stiere, des Apis in Memphis und des Mnævis in Heliopolis, so<br />

wie des mendesischen Bockes eingeführt. (Bunsen, II, p. 103.)<br />

2 Il ne saurait être inutile de rappeler ici quelle fut la prospérité à laquelle parvinrent les États de la<br />

vallée du Nil. On sait que, dans sa plus grande étendue, cette contrée n'a pas 50 milles allemands de<br />

largeur, et qu'en longueur, depuis la mer Méditerranée jusqu'à Syène, elle en comporte environ 120.<br />

Dans cet espace étroit, Hérodote place 20,000 villes et villages, à l'époque d'Amasis. Diodore en<br />

compte 18,000. La France actuelle, douze fois plus grande, n'en a que 39,000. La population de<br />

Thèbes, au temps d'Homère, peut se calculer à 2,800,000 habitants, et quand je songe à celle que,<br />

dans les époques postérieures, atteignit Syracuse, beaucoup moins riche et moins puissante, je ne<br />

partage nullement la surprise et l'incrédulité de M. de Bohlen. (Das alte Indien, t. I, p. 32 et<br />

passim.)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!