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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 82<br />

pour rester persuadé que le premier peuple venu, placé dans les circonstances<br />

géographiques les plus favorables, n'est pas destiné par cela même à se civiliser.<br />

Au contraire, il y a, entre l'aptitude d'un climat et d'un pays à servir les besoins de<br />

l'homme et le fait même de la civilisation, une indépendance complète. L'Inde est une<br />

contrée qu'il a fallu fertiliser, l'Égypte de même. Voilà deux centres bien célèbres de la<br />

culture et du perfectionnement humains. La Chine, à côté de la fécondité de certaines<br />

de ses parties, a présenté, dans d'autres, des difficultés très laborieuses à vaincre. Les<br />

premiers événements y sont des combats contre les fleuves ; les premiers bienfaits des<br />

antiques empereurs consistent en ouvertures de canaux, en dessèchements de marais.<br />

Dans la contrée mésopotamique de l'Euphrate et du Tigre, théâtre de la splendeur des<br />

premiers États assyriens, territoire sanctifié par la majesté des plus sacrés souvenirs,<br />

dans ces régions où le froment, dit-on, croît spontanément, le sol est cependant si peu<br />

productif par lui-même, que de vastes et courageux travaux d'irrigation ont pu seuls le<br />

rendre propre à nourrit les hommes. Maintenant que les canaux sont détruits, comblés<br />

ou encombrés, la stérilité a repris ses droits. Je suis donc très porté à croire que la<br />

nature n'avait pas autant favorisé ces régions qu'on le pense d'ordinaire. Toutefois je ne<br />

discuterai pas sur ce point. J'admets que la Chine, l'Égypte, l'Inde et l'Assyrie aient été<br />

des lieux complètement appropriés à l'établissement de grands empires et au développement<br />

de puissantes civilisations ; j'accorde que ces lieux aient réuni les meilleures<br />

conditions de prospérité. On l'avouera aussi ces conditions étaient de telle nature, que,<br />

pour en profiter, il était indispensable d'avoir atteint préalablement, par d'autres voies,<br />

un haut degré de perfectionnement social. Ainsi, pour que le commerce pût s'emparer<br />

des grands cours d'eau, il fallait que l'industrie, ou pour le moins l’agriculture,<br />

existassent déjà, et l'attrait sur les peuples voisins n'aurait pas eu lieu avant que des<br />

villes et des marchés ne fussent bâtis et enrichis de longue main. Les grands avantages<br />

départis à la Chine, à l'Inde et à l'Assyrie supposent donc, chez les peuples qui en ont<br />

tiré bon parti, une véritable vocation intellectuelle et même une civilisation antérieure<br />

au jour où l'exploitation de ces avantages put commencer. Mais quittons les régions<br />

spécialement favorisées, et regardons ailleurs.<br />

Lorsque les Phéniciens, dans leur migration, vinrent de Tylos, ou de quelque autre<br />

endroit du sud-est que l'on voudra, que trouvèrent-ils dans le canton de Syrie où ils se<br />

fixèrent ? Une côte aride, rocailleuse, serrée étroitement entre la mer et des chaînes de<br />

rochers qui semblaient devoir rester à tout jamais stériles. Un territoire si misérable<br />

contraignait la nation à ne jamais s'étendre, car, de tous côtés, elle se trouvait enserrée<br />

dans une ceinture de montagnes. Et cependant ce lieu, qui devait être une prison,<br />

devint, grâce au génie industrieux du peuple qui l'habita, un nid de temples et de palais.<br />

Les Phéniciens, condamnés pour toujours à n'être que de grossiers ichtyophages, ou<br />

tout au plus de misérables pirates, furent pirates à la vérité, mais grandement, et, de<br />

plus, marchands hardis et habiles, spéculateurs audacieux et heureux. Bon ! dira<br />

quelque contradicteur, nécessité est mère d'invention ; si les fondateurs de Tyr et de<br />

Sidon avaient habité les plaines de Damas, contents des produits de l'agriculture, ils

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