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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 71<br />

efforts ne plurent à personne, et blessèrent également noblesse, clergé, parlement et<br />

tiers état. Quelques traitants seuls se réjouirent. Mais, lorsque Ferdinand le Catholique<br />

institua contre les Maures d'Espagne ses terribles et néc<strong>essai</strong>res moyens de destruction<br />

; lorsque Napoléon rétablit en France la religion, flatta l'esprit militaire, organisa le<br />

pouvoir d'une manière à la fois protectrice et restrictive, l'un et l'autre de ces potentats<br />

avaient bien écouté et bien compris le génie de leurs sujets, et ils bâtissaient sur le<br />

terrain pratique. En un mot, les fausses institutions, très belles souvent sur le papier,<br />

sont celles qui, n'étant pas conformes aux qualités et aux travers nationaux, ne<br />

conviennent pas à un État, bien que pouvant faire fortune dans le pays voisin. Elles ne<br />

créent que le désordre et l'anarchie, fussent-elles empruntées à la législation des anges.<br />

Les autres, tout au rebours, qu'à tel ou tel point de vue, et même d'une manière absolue,<br />

le théoricien et le moraliste peuvent blâmer, sont bonnes pour les raisons contraires.<br />

Les Spartiates étaient petits de nombre, grands de cœur, ambitieux et violents : de<br />

fausses lois n'en auraient tiré que de pâles coquins ; Lycurgue en fit d'héroïques<br />

brigands.<br />

Qu'on n'en doute pas. Comme la nation est née avant la loi, la loi tient d'elle et<br />

porte son empreinte avant de lui donner la sienne. Les modifications que le temps<br />

amène dans les institutions en sont encore une bien grande preuve.<br />

Il a été dit plus haut qu'à mesure que les peuples se civilisaient, s'agrandissaient,<br />

devenaient plus puissants, leur sang se mélangeait et leurs instincts subissaient des<br />

altérations graduelles. En prenant ainsi des aptitudes différentes, il leur devient<br />

impossible de s'accommoder des lois convenables pour leurs devanciers. Aux générations<br />

nouvelles, les mœurs le sont également et les tendances de même, et des<br />

modifications profondes dans les institutions ne tardent pas à suivre. On voit ces<br />

modifications devenir plus fréquentes et plus profondes, à mesure que la race change<br />

davantage, tandis qu'elles restaient plus rares et plus graduées, tant que les populations<br />

elles-mêmes étaient plus proches parentes des premiers inspirateurs de l'État. En<br />

Angleterre, celui de tous les pays de l'Europe où les modifications du sang ont été les<br />

plus lentes et jusqu'ici les moins variées, on voit encore les institutions du quatorzième<br />

et du quinzième siècle subsister dans les bases de l'édifice social. On y retrouve,<br />

presque dans sa vigueur ancienne, l'organisation communale des Plantagenêts et des<br />

Tudors, la même façon de mêler la noblesse au gouvernement et de composer cette<br />

noblesse, le même respect pour l'antiquité des familles uni au même goût pour les<br />

parvenus de mérite 1 . Mais cependant, comme, depuis Jacques 1 er , et surtout depuis<br />

l'Union de la reine Anne, le sang anglais a tendu de plus en plus à se mélanger avec celui<br />

d'Écosse et d'Irlande, que d'autres nations ont aussi contribué, bien qu'imperceptiblement,<br />

à altérer la pureté de la descendance, il en résulte que les innovations, tout en<br />

cherchaient à bouleverser l'État que pour obtenir des honneurs et des faveurs. Le grand cardinal est<br />

tout à fait innocent du meurtre de la noblesse française, qu'on lui a tant reproché.<br />

1 Macaulay, History of England. In-8°. Paris, 1849, t. I

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