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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 335<br />

brahmanique. Ils en trouvaient dans plusieurs peuples métis, plus intéressés encore à le<br />

repousser, et, s'il était possible, à l'abattre : conquérants et pillards, les pillards de<br />

toute couleur devenaient leurs amis 1 .<br />

L'intérêt incline évidemment du côté des Kouravas, qui défendaient la civilisation.<br />

Pourtant, après bien du temps et des peines, après avoir longtemps repoussé leurs<br />

antagonistes, les Kouravas finirent par succomber. Le Pendjab et de vastes contrées<br />

aux alentours restèrent acquis aux envahisseurs plus blancs, et, par conséquent, plus<br />

énergiques que les nations brahmaniques, et la civilisation hindoue, forcée de céder,<br />

s'enfonça davantage dans le sud-est. Mais elle était tenace en raison de l'immobilité de<br />

ses <strong>races</strong>. Elle n'eut qu'à attendre, et sa revanche sur les descendants des Pandavas fut<br />

éclatante. Ceux-ci, vivant libres de toute restriction sacrée, se mêlèrent rapidement aux<br />

indigènes. Leur mérite ethnique se dégrada. Les brahmanes reprirent le dessus. Ils<br />

enlacèrent les fils dégénérés de Pandou dans leur sphère d'action, leur imposèrent idées<br />

et dogmes, et, les forçant de s'organiser sur les modèles donnés par eux, couronnèrent la<br />

victoire en leur fournissant une caste sacerdotale qui ne fut pas triée parmi ce qu'il y<br />

avait de mieux. Aussi remarque-t-on, dans le Kachemyr, que les hommes de la classe<br />

suprême sont plus bruns aujourd'hui que le reste de la population. C'est que leurs<br />

ancêtres viennent du sud 2 .<br />

Les rapports entre les castes ne furent pas, dans le nord, pareils à ce qu'ils étaient<br />

dans le sud. Les brahmanes ne s'y montrèrent pas intellectuellement supérieurs au reste<br />

des nationaux, ceux-ci n'obéirent jamais aisément à leur sacerdoce 3 , et le mépris<br />

profond des vrais Hindous, des qualifications injurieuses, et, mieux que tout, une<br />

infériorité morale très marquée punirent à jamais les descendants des Pandavas de la<br />

perturbation qu'ils avaient apportée un moment dans l'œuvre brahmanique. On peut<br />

donc observer ici ce phénomène, que ce fut moins de la pureté de la race que de<br />

l'homogénéité des éléments ethniques que résulta la victoire des brahmanes sur les<br />

descendants des Pandavas. Chez les premiers, tous les instincts étaient classes et<br />

agissaient, sans se nuire, dans des sphères spéciales ; chez les seconds, le mélange<br />

illimité du sang les brouillait à l'infini. Nous avons déjà vu l'analogue de cette situation<br />

dans la dernière période de l'histoire tyrienne.<br />

1 Ibid, p. 689. – Les Pandavas paraissent avoir dû surtout leur victoire à des renforts venus des<br />

régions septentrionales, tels que les Kulindas, établis à l'est vers les sources du Gange. Le<br />

Mahabharata les considère comme une race pure, mais très en dehors de la culture hindoue.<br />

2 Les populations du Kachemyr et du Pendjab ont eu des contacts de toute espèce avec les peuples<br />

jaunes, tout aussi bien qu'avec les tribus noires ou mulâtres. Dans les temps plus modernes, elles<br />

ont été envahies par les Grecs Bactriens et les Saces, puis par les Arabes, les Afghans, les Baloukis.<br />

F. Lassen, Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, t III, p. 208 : Indisch. Alterth., t. I, p. 404.<br />

Il résulte d'un tel état de choses que le pays hindou qui vit le premier dominer les tribus arianes est<br />

aujourd'hui un de ceux où ces dernières ont subi le plus de mélanges. Dans les temps épiques, les<br />

Dârâdas du Pendjab étaient déjà comptés parmi les peuples réprouvés. – Lassen, loc. cit., p. 544.<br />

3 C'est ainsi que la fameuse classification que faisaient les écrivains grecs des nations hindoues en<br />

trois classes : les pêcheurs, les agriculteurs et les montagnards, ne peut, de toute évidence,<br />

s'appliquer qu'à des groupes fort peu arianisés et habitant les confins occidentaux.

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