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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 22<br />

Nous sommes de vieux entêtés qui avons donné dans la liberté humaine, comme Louis<br />

Courier disait qu'il avait donné dans la charte, et qui ne saurions, du tout, en revenir 1 ...<br />

4<br />

Les voyages forment la jeunesse et déforment les théories. La priorité du sang<br />

devient, chez Gobineau, rapidement mythique. Il n'y croit plus vraiment, et il abandonnerait<br />

avec aisance l'échafaudage si laborieusement construit, n'était le torchon qui<br />

brûle dans le sein du couple. Mme Gobineau est une créole, donc M. Gobineau, malgré<br />

tout, a raison.<br />

Si le sang fait défaut, il reste la famille. Alors là, pardon ! Le comte aussitôt se<br />

rétracte. Certes ! il y a Mère Bénédicte, cette sœur tendrement aimée. Fait-elle le<br />

poids ? Il faut avouer que non, et que les caractères acquis ne se transmettent pas. Rien<br />

de plus révélateur, rien de moins « raciste » que le testament de Gobineau : Je donne et<br />

lègue ce que madame de Gobineau, ma femme, ne m'a pas volé ni dépensé de ma<br />

fortune à madame la baronne de Guldencrone, née Diane de Gobineau, et à sa sœur,<br />

mademoiselle Christine de Gobineau, et le fais parce que la loi m'y force, car en justice<br />

et en vérité, je ne leur dois et ne voudrais leur laisser que mon souverain mépris et mon<br />

indignation pour leur lâcheté et leur ingratitude, à l'une comme à l'autre 2 . Et voilà !<br />

Pour les <strong>races</strong>, est-il vrai que Gobineau veuille montrer la priorité de certaines sur<br />

d'autres ? À le lire vite, oui. À le lire mieux, ce n'est pas l'essentiel, ce n'est pas<br />

l'important. Les <strong>races</strong> « inférieures », après tout, sont des <strong>races</strong> heureuses. Les <strong>races</strong><br />

« supérieures », elles, portent sur leurs épaules le péché du monde : elles sont fautives.<br />

Voilà Gobineau. Les racistes ne se sont jamais aperçus qu'il leur donnait mauvaise<br />

conscience.<br />

Un exemple : l'Amérique.<br />

Certes ! Prokesch-Osten prophétise (sinistrement) : Vous ensemencez la terre de<br />

l'avenir. Tocqueville, toujours si juste, note : Je crois que la chance de votre livre est de<br />

revenir en France par l'étranger, surtout par l'Allemagne (nous y viendrons). Premièrement,<br />

l'Amérique. C'est dans ce pays-là qu'on traduit l'Essai d'abord. Gobineau est-il<br />

satisfait ? Écoutez-le : les Américains croient que je les encourage à assommer leurs<br />

nègres, me portent aux nues pour cela, mais ne veulent pas traduire la partie du livre<br />

qui les concerne. Qu'est-ce qu'il aurait pris, l'autre, là, l'auteur de Mon Combat,<br />

architecte en camps de la mort ! ...<br />

La traduction signée Hotz vit le jour chez Lippincott, à Philadelphie, en 1856.<br />

1 Le texte de la Correspondance d'Alexis de Tocqueville et d'Arthur de Gobineau a été établi et<br />

annoté par M. Degros. Cette édition est précédée d'une excellente introduction due à J.-J.<br />

Chevallier (Éditions Gallimard).<br />

2 Cité par Jean Gaulmier dans Spectre de Gobineau. (Éd. Jean-Jacques Pauvert).

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