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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 358<br />

en est d'aussi extraordinaires par la vaste étendue des proportions que par le fini<br />

précieux des détails. Tout le panthéon brahmanique, doublé de la nouvelle mythologie<br />

qui vint s'enter sur ses rameaux, de tous les bouddhas, de tous les boddhisatvas et<br />

autres inventions d'une imagination d'autant plus féconde qu'elle plongeait davantage<br />

dans les classes noires, tout ce que la pensée humaine, ivre de raffinements et<br />

complètement déroutée par l'abus de la réflexion, a jamais pu imaginer d'extravagant en<br />

fait de formes, vint trôner sous ces splendides asiles 1 . Il était temps, pour peu que les<br />

brahmanes voulussent sauver leur société, de se mettre à l'œuvre. La lutte s'engagea, et,<br />

si l'on compare le temps du combat à celui de la patience, l'un fut aussi long que l'autre.<br />

La guerre commencée au V e siècle se termine au XIV e 2 .<br />

Autant qu'on peut en juger, le bouddhisme mérita d'être vaincu, parce qu'il recula<br />

devant ses conséquences. Sensible, de bonne heure, au reproche, évidemment très<br />

mérité, de démentir ses prétentions à la perfection morale en se recrutant de tous les<br />

gens perdus, il s'était laissé persuader d'admettre des motifs d'exclusion physiques et<br />

moraux. Par là, il n'était déjà plus la religion universelle, et se fermait les accessions les<br />

plus nombreuses, si elles n'étaient pas les plus honorables. En outre, comme il n'avait<br />

pas pu détruire, de prime abord, les castes, et qu'il avait été obligé de les reconnaître de<br />

fait, tout en les niant en théorie, il avait dû, dans son propre sein, compter avec elles 3 .<br />

Les rois kschattryas et fiers de l'être bien que bouddhistes, les brahmanes convertis et<br />

qui n'avaient rien à gagner, les uns et les autres, à la nouvelle foi, si ce n'est la dignité de<br />

bouddha et l'anéantissement parfait, devaient, tôt ou tard, soit par eux, soit par leurs<br />

descendants, éprouver, en mille circonstances, des tentations violentes de rompre avec<br />

la tourbe qui s'égalait à eux, et de reprendre la plénitude de leurs anciens honneurs.<br />

De cent façons le bouddhisme perdit du terrain ; au XI e siècle, il disparut tout à fait<br />

du sol de l'Inde. Il se réfugia dans des colonies, comme Ceylan ou Java, que la culture<br />

brahmanique avait sans doute formées, mais où, par l'infériorité ethnique des prêtres et<br />

des guerriers, la lutte put continuer indécise et même se terminer à l'avantage des<br />

hérétiques. Le culte dissident trouva encore un asile dans le nord-est de l'Inde, où<br />

cependant, comme au Népaul, on le voit aujourd'hui, dégénéré et sans forces, reculer<br />

devant le brahmanisme. En somme, il ne fut vraiment à l'aise que là où il ne rencontra<br />

pas de castes, en Chine, dans l’Annam, au Thibet, dans l’Asie centrale. Il s'y déploya à<br />

son aise, et, contrairement à l'avis de quelques critiques superficiels, il faut avouer que<br />

l'examen ne lui est pas favorable et montre d'une manière éclatante le peu que réussit à<br />

1 Burnouf, Introduction à l'hist., etc., t. I, p. 337. – Le bouddhisme hindou est aujourd'hui tellement<br />

dégénéré dans les provinces lointaines où il végète encore, que les religieux se marient, usage<br />

diamétralement opposé à l'esprit de la foi fondamentale. Ces religieux mariés se nomment au<br />

Népaul vadira âtchâryas. (Ibid.)<br />

2 Burnouf, Introd. à l'hist., etc., t. I, p. 586.<br />

3 Ibid., p. 144. – Il fit plus que de les admettre en pratique. Il se montra faible au point de donner un<br />

démenti à sa prétention d'être une loi de grâce pour tous, en avouant que les boddhissatvas ne<br />

pouvaient s'incarner que dans des familles de brahmanes ou de kschattryas. (Ibid.)

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