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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 473<br />

surcroît de raison et un sentiment du naturel fort impérieux. Ils résistèrent vivement et<br />

avec bonheur aux excès où leurs maîtres étaient tombés. Ils eurent du mérite à s'en<br />

défendre parce qu'il y eut tentation d'y succomber ; car on connut aussi chez les<br />

Hellènes les poupées hiératiques à membres mobiles, les monstruosités de certaines<br />

images consacrées. Heureusement le goût exquis des masses protesta contre ces dépravations.<br />

L'art grec ne voulut généralement admettre ni symboles hideux ou révoltants,<br />

ni monuments puérils.<br />

On lui a reproché pour ce fait d'avoir été moins spiritualiste que les sanctuaires<br />

d'Asie. Ce blâme est injuste, ou du moins repose sur une confusion d'idées. Si l'on<br />

appelle spiritualisme l'ensemble des théories mystiques, on a raison ; mais si, avec plus<br />

de vérité, l'on considère que ces théories ne prennent leur source que dans des poussées<br />

d'imagination délivrées de raison et de logique, et n'obéissant plus qu'aux éperons de la<br />

sensation, on conviendra que le mysticisme n'est pas du spiritualisme, et qu'à ce titre<br />

on a mauvaise grâce à accuser les Grecs d'avoir donné dans les voies sensualistes en<br />

s'en écartant. Ils furent, au contraire, beaucoup plus exempts que les Asiatiques des<br />

principales misères du matérialisme, et, culte pour culte, celui du Jupiter d'Olympie est<br />

moins dégradant que celui de Baal. J'ai, du reste, déjà touché ce sujet.<br />

Cependant les Grecs n'étaient pas non plus très spiritualistes. L'idée sémitique<br />

régnait chez eux, bien que réduite, et s'exprimait par la puissance des mystères sacrés,<br />

exercés dans les temples. Les populations acceptaient ces rites en se bornant quelquefois<br />

à les mitiger, suivant le sentiment d'horreur que la laideur physique inspirait.<br />

Quant à la laideur morale, nous savons qu'on était plus accommodant.<br />

Cette rare perfection du sentiment artistique ne reposait que sur une pondération<br />

délicate de l'élément arian et sémitique avec une certaine portion de principes jaunes.<br />

Cet équilibre, sans cesse compromis par l'affluence des Asiatiques sur le territoire des<br />

colonies ioniennes et de la Grèce continentale, devait disparaître un jour pour faire<br />

place à un mouvement de déclin bien prononcé.<br />

On peut calculer approximativement que l'activité artistique et littéraire des Grecs<br />

sémitisés naquit vers le VII e siècle, au moment où fleurirent Archiloque, 718 ans avant<br />

J.-C., et les deux fondeurs en bronze Théodore et Rhœcus, 691 ans avant J.-C. La<br />

décadence commença après l'époque macédonienne, quand l'élément asiatique l'emporta<br />

décidément, autrement dit vers la fin du IV e siècle, ce qui donne un laps de quatre cents<br />

ans. Ces quatre cents années sont marquées par une croissance ininterrompue de<br />

l'élément asiatique. Le style de Théodore paraît avoir été, dans la Junon de Samos, une<br />

simple reproduction des statues consacrées à Tyr et à Sidon. Rien n'indique que le<br />

fameux coffre de Cypsélus fût d'un travail différent ; du moins, les restitutions proposées<br />

par la critique moderne ne me paraissent pas rappeler quelque chose d'excellent.<br />

Pour trouver la révolution artistique qui créa l'originalité grecque, force est de descendre<br />

jusqu'à l'époque de Phidias, qui, le premier, sortit des données, soit du grand goût

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