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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 156<br />

Il faut en appeler du jugement trop favorable comme du trop sévère. Parce que<br />

certains Taïtiens auront contribué au radoubage d'un baleinier, leur nation n'est pas<br />

pour cela civilisable. Parce que tel homme de Tonga-Tabou aura montré de la bienveillance<br />

à des étrangers, il n'est pas néc<strong>essai</strong>rement accessible à tous les progrès, et, de<br />

même, on n'est pas autorisé à ravaler jusqu'à la brute tel indigène d'une côte longtemps<br />

inconnue, parce qu'il aura reçu les premiers visiteurs à coups de flèche, ou même parce<br />

qu'on l'aura trouvé mangeant des lézards crus et des boules de terre. Ce genre de repas<br />

n'annonce pas, sans doute, une intelligence bien relevée ni des mœurs bien cultivées.<br />

Mais, qu'on en soit certain toutefois, chez le cannibale le plus répugnant, il reste une<br />

étincelle du feu divin, et la compréhension peut s'allumer chez lui au moins jusqu'à un<br />

certain degré. Pas de tribus si humbles qui ne portent, sur les choses dont elles sont<br />

entourées, des jugements quelconques, vrais ou faux, justes ou erronés, qui, par le fait<br />

seul qu'ils existent, prouvent suffisamment la persistance d'un rayon intellectuel dans<br />

toutes les branches de l'humanité. C'est par là que les sauvages les plus dégradés sont<br />

accessibles aux enseignements de la religion et qu'ils se distinguent, d'une manière toute<br />

particulière et toujours reconnaissable, des brutes les plus intelligentes.<br />

Cependant, cette vie morale, placée au fond de la conscience de chaque individu de<br />

notre espèce, est-elle capable de se dilater à l'infini ? Tous les hommes ont-ils, à un<br />

degré égal, le pouvoir illimité de progresser dans leur développement intellectuel ?<br />

Autrement dit, les différentes <strong>races</strong> humaines sont-elles douées de la puissance de<br />

s'égaler les unes les autres ? Cette question est, au fond, celle de la perfectibilité<br />

indéfinie de l'espèce et de l'égalité des <strong>races</strong> entre elles. Sur les deux points, je réponds<br />

non.<br />

L'idée de la perfectibilité à l'infini séduit beaucoup les modernes et ils s'appuient<br />

sur cette remarque que notre mode de civilisation possède des avantages et des mérites<br />

que nos prédécesseurs, différemment cultivés, n'avaient pas. On cite tous les faits qui<br />

distinguent nos sociétés. J'en ai parlé déjà ; je me prête volontiers à les énumérer de<br />

nouveau.<br />

On assure donc que nous possédons, sur tout ce qui relève du domaine de la<br />

science, des opinions plus vraies ; que nos mœurs sont, en général, douces, et notre<br />

morale préférable à celles des Grecs et des Romains. Nous avons aussi, ajoute-t-on, au<br />

sujet de la liberté politique, des idées et des sentiments, des opinions, des croyances,<br />

des tolérances qui prouvent mieux que tout le reste notre supériorité. Il ne manque pas<br />

de théoriciens à belles espérances pour soutenir que les conséquences de nos institutions<br />

doivent nous conduire tout droit à ce jardin des Hespérides, si cherché et si peu<br />

trouvé depuis que les plus anciens navigateurs en ont constaté l'absence aux îles<br />

Canaries.<br />

Un examen un peu plus sérieux de l'histoire fait justice de ces hautes prétentions.

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