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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 221<br />

Pour satisfaire à leurs besoins, sans cesse renaissants, sans cesse augmentant, le<br />

commerce allait fouiller tous les coins du monde, y quêter le tribut de chaque rareté.<br />

Les vastes territoires de l'Asie inférieure et supérieure demandaient sans relâche,<br />

réclamaient toujours de nouvelles acquisitions. Rien n'était pour eux ni trop beau ni<br />

trop cher. Ils se trouvaient, par l'accumulation de leurs richesses, en situation de tout<br />

vouloir, de tout apprécier et de tout payer.<br />

Mais à côté de tant de magnificence matérielle, mêlée à l'activité artistique et la<br />

favorisant, de terribles indices, des plaies hideuses révélaient les maladies dégradantes<br />

que l'infusion du sang noir avait fait naître et développait d'une façon terrible. L'antique<br />

beauté des idées religieuses avait été graduellement souillée par les besoins<br />

superstitieux des mulâtres. À la simplicité de l'ancienne théologie avait succédé un<br />

émanatisme grossier, hideux dans ses symboles, se plaisant à représenter les attributs<br />

divins et les forces de la nature sous des images monstrueuses, défigurant les idées<br />

saines, les notions pures, sous un tel amas de mystères, de réserves, d'exclusions et<br />

d'indéchiffrables mythes, qu'il était devenu impossible à la vérité, refusée ainsi systématiquement<br />

au plus grand nombre, de ne pas finir, avec le temps, par devenir<br />

inabordable, même au plus petit. Ce n'est pas que je ne comprenne les répugnances que<br />

durent éprouver les Chamites blancs à commettre la majesté des doctrines de leurs<br />

pères avec l'abjecte superstition de la tourbe noire, et de ce sentiment on peut faire<br />

dériver le premier principe de leur amour du secret. Puis ils ne manquèrent pas non<br />

plus de comprendre bientôt toute la puissance que le silence donnait à leurs pontificats<br />

sur des multitudes plus portées à redouter la réserve hautaine du dogme et ses menaces<br />

qu'à en rechercher les côtés sympathiques et les promesses. D'autre part, je conçois<br />

aussi que le sang des esclaves, ayant, un jour, abâtardi les maîtres, inspira bientôt à ces<br />

derniers ce même esprit de superstition contre lequel le culte s'était d'abord mis en<br />

garde.<br />

Ce qui primitivement avait été pudeur, puis moyen politique, finit par devenir<br />

croyance sincère, et, les gouvernants étant tombés au niveau des sujets, tout le monde<br />

crut à la laideur, admira et adora la difformité, lèpre victorieuse, invinciblement unie<br />

désormais aux doctrines et aux représentations figurées.<br />

Et ce n'est pas en vain que le culte se déshonore chez un peuple. Bientôt la morale<br />

de ce peuple, suivant avec fidélité la triste route dans laquelle s'engage la foi, ne s'avilit<br />

pas moins que son guide. Il est impossible, à la créature humaine qui se prosterne<br />

devant un tronc de bois ou un morceau de pierre laidement contourné, de ne pas perdre<br />

belle collection de plâtres de M. de Froberville. Ces empreintes reproduisent des têtes de nègres de<br />

la côte orientale d'Afrique. Sur le front de plusieurs de ces spécimens, on retrouve une série de<br />

points longitudinaux relevés en saillie par un gonflement artificiel des chairs, ornement de la nature<br />

la plus bizarre, mais tout à fait identique à ce que l'on voit pratiquer à plusieurs groupes pélagiens<br />

de l'Océanie. Le savant ethnologiste, dont l'obligeance m'a mis à même de faire cette observation,<br />

n'hésite pas à y découvrir la preuve d'une identité primitive d'origine entre les deux familles barbares<br />

que sépare une mer immense.

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