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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 244<br />

Ainsi s'accomplit un acte héroïque qu'on n'a guère revu depuis. À deux reprises<br />

pourtant, dans les temps modernes, il fut question de le renouveler. Le sénat de Venise,<br />

dans la guerre de Chiozza, délibéra s'il ne devait pas s'embarquer pour le Péloponèse<br />

avec toute sa nation, et il n'y a pas de trop longues années qu'une éventualité semblable<br />

fut prévue et discutée dans le parlement anglais.<br />

Carthage n'eut point d'enfance 1 . Les maîtres qui la gouvernaient étaient sûrs<br />

d'avance de leur volonté. Ils avaient pour but précis ce que la Tyr ancienne leur avait<br />

appris à estimer et à poursuivre. Ils étaient entourés de populations presque entièrement<br />

noires, et partant inférieures aux métis qui venaient trôner au milieu d'elles. Ils<br />

n'éprouvèrent aucune peine à se faire obéir. Leur gouvernement, remontant le cours des<br />

siècles, reprit, en face des sujets, toute la dureté et l'inflexibilité chamitiques ; et comme<br />

la cité de Didon ne reçut jamais, pour toute immigration blanche, que les nobles tyriens<br />

ou chananéens, victimes, ainsi que ses fondateurs, des catastrophes démagogiques, elle<br />

appesantit son joug tant qu'il lui plut. Jusqu'au moment de sa ruine, elle ne fit pas la<br />

moindre concession à ses peuples. Lorsqu'ils osèrent en appeler aux armes, elle sut les<br />

châtier sans faiblir jamais. C'est que son autorité était fondée sur une différence<br />

ethnique qui n'eut pas le temps de composer et de disparaître.<br />

L'anarchie tyrienne était devenue complète après le départ des nobles qui, seuls,<br />

avaient encore possédé une ombre de l'ancienne valeur de la race, surtout de son<br />

homogénéité relative. Quand les rois et le bas peuple se trouvèrent seuls à agir, la<br />

diversité des origines se jeta au travers de la place publique pour empêcher toute<br />

réorganisation sérieuse. L'esprit chamitique, la multiplicité des branches sémitiques, la<br />

nature grecque, tout parla haut, tout parla fort. Il fut impossible de s'entendre, et l'on<br />

s'aperçut que, loin de prétendre à retrouver jamais un système de gouvernement logique<br />

et fermement dessiné, il faudrait s'estimer très heureux quand on pourrait obtenir une<br />

paix temporaire au moyen de compromis passagers. Après la fondation de Carthage,<br />

Tyr ne créa pas de colonies nouvelles. Les anciennes, désertant sa cause, se rallièrent,<br />

l'une après l'autre, à la cité patricienne, qui devint ainsi leur capitale : rien de plus<br />

logique. Elles ne déplacèrent pas leur obéissance : le sol métropolitain fut seul changé.<br />

La race dominatrice resta la même, et si bien la même, que désormais ce fut elle qui<br />

colonisa. À la fin du VIII e siècle, elle posséda des établissements en Sardaigne : ellemême<br />

n'avait pas encore cent années d'existence. Cinquante ans plus tard, elle<br />

s'emparait des Baléares. Dans le VI e siècle, elle faisait réoccuper par des colons libyens<br />

toutes les cités autrefois phéniciennes de l'Occident, trop peu peuplées à son gré 2 . Or,<br />

dans les nouveaux venus, le sang noir dominait encore plus que sur la côte de Chanaan,<br />

d'où étaient venus leurs prédécesseurs : aussi, lorsque, peu de temps avant J.-C.,<br />

Strabon écrivait que la plus grande partie de l'Espagne était au pouvoir des Phéniciens,<br />

que trois cents villes du littoral de la Méditerranée, pour le moins, n'avaient pas<br />

1 Movers, t. II, 1 re , partie, p. 367 et passim.<br />

2 Movers, t. II, 2 e partie, p. 629.

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