06.05.2013 Views

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 42<br />

interprétant mal le sens de la Promesse, supposaient que leur empire ne finirait jamais.<br />

Rome, au moment même où elle commençait à sombrer, ne doutait pas de l'éternité du<br />

sien 1 . Mais, pour avoir vu davantage, les générations actuelles savent beaucoup plus<br />

aussi ; et, de même que personne ne doute de la condition universellement mortelle des<br />

hommes, parce que tous les hommes qui nous ont précédés sont morts, de même nous<br />

croyons fermement que les peuples ont des jours comptés, bien que plus nombreux ;<br />

car aucun de ceux qui régnèrent avant nous ne poursuit à nos côtés sa carrière. Il y a<br />

donc, pour l'éclaircissement de notre sujet, peu de choses à prendre dans la sagesse<br />

antique, hormis une seule remarque fondamentale, la reconnaissance du doigt divin dans<br />

la conduite de ce monde, base solide et première dont il ne faut pas se départir,<br />

l'acceptant avec toute l'étendue que lui assigne l'Église catholique. Il est incontestable<br />

que nulle civilisation ne s'éteint sans que Dieu le veuille, et appliquer à la condition<br />

mortelle de toutes les sociétés l'axiome sacré dont les anciens sanctuaires se servaient<br />

pour expliquer quelques destructions remarquables, considérées par eux, mais à tort,<br />

comme des faits isolés, c'est proclamer une vérité de premier ordre, qui doit dominer la<br />

recherche des vérités terrestres. Ajouter que toutes les sociétés périssent parce qu'elles<br />

sont coupables, j'y consens aisément ; ce n'est encore qu'établir un juste parallélisme<br />

avec la condition des individus, en trouvant dans le péché le germe de la destruction.<br />

Sous ce rapport, rien ne s'oppose, à raisonner même suivant les simples lumières de<br />

l'esprit, à ce que les sociétés suivent le sort des êtres qui les composent, et, coupables<br />

par eux, finissent comme eux ; mais, ces deux vérités admises et pesées, je le répète, la<br />

sagesse antique ne nous offre aucun secours.<br />

Elle ne nous dit rien de précis sur les voies que suit la volonté divine pour amener la<br />

mort des peuples ; elle est, au contraire, portée à considérer ces voies comme<br />

essentiellement mystérieuses. Saisie d'une pieuse terreur à l'aspect des ruines, elle<br />

admet trop aisément que les États qui s'écroulent ne peuvent être ainsi frappés,<br />

ébranlés, engloutis, si ce n'est à l'aide de prodiges. Qu'un fait miraculeux se soit produit<br />

dans certaines occurrences, en tant que les livres saints l'affirment, je me soumets sans<br />

peine à le croire ; mais là où les témoignages sacrés ne se prononcent pas d'une manière<br />

formelle, et c'est le plus grand nombre des cas, on peut légitimement considérer<br />

l'opinion des anciens temps comme incomplète, insuffisamment éclairée, et reconnaître,<br />

contrairement au côté où elle penche, que, puisque la sévérité céleste s'exerce sur nos<br />

sociétés constamment et par suite d'une décision antérieure à l'établissement du<br />

premier peuple, l'arrêt s'exécute d'une manière prévue, normale et en vertu de prescriptions<br />

définitivement inscrites au code de l'univers, à côté des autres lois qui, dans leur<br />

imperturbable régularité, gouvernent la nature animée tout comme le monde<br />

inorganique.<br />

Si l'on est en droit de reprocher justement à la philosophie sacrée des premiers<br />

temps de s'être, dans son défaut d'expérience, bornée, pour expliquer un mystère, à<br />

1 Amédée Thierry, La Gaule sous l'administration romaine, t. I, p. 244.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!