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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 347<br />

de la mort des nations arianes. Celles-ci avaient continué à être purement abstraites et<br />

morales, et bien que l'anthropomorphisme fût peut-être au fond des idées, il ne s'était<br />

pas encore manifesté. On disait que les dieux étaient beaux, beaux à la manière des<br />

héros arians. On n'avait pas songé à les portraire.<br />

Quand les deux éléments noir et jaune eurent la parole, il fallut changer de système,<br />

il fallut que les dieux eux-mêmes sortissent du monde idéal dans lequel les Arians<br />

avaient trouvé du plaisir à laisser planer leurs sublimes essences. Quelles que pussent<br />

être les différences capitales existant, d'ailleurs, entre le type noir et le type jaune, sans<br />

avoir besoin de tenir compte, non plus, de ce fait que ce fut le premier qui parla d'abord<br />

et fut toujours écouté, tout ce qui était aborigène se réunit, non seulement pour vouloir<br />

voir et toucher les dieux qu'on lui vantait tant, mais aussi pour qu'ils lui apparussent<br />

plutôt terribles, farouches, bizarres et différents de l'homme, que beaux, doux, bénins,<br />

et ne se plaçant au-dessus de la créature humaine que par la perfection plus grande des<br />

formes de celle-ci. Cette doctrine eût été trop métaphysique au sens de la tourbe. Il est<br />

bien permis de croire aussi que l'inexpérience primitive des artistes la rendait plus<br />

difficile à réaliser. On voulut donc des idoles très laides et d'un aspect épouvantable.<br />

Voilà le côté de dépravation.<br />

On a dit quelquefois, pour trouver une explication à ces bizarreries repoussantes<br />

des images païennes de l'Inde, de l'Assyrie et de l'Égypte, à ces obscénités hideuses où<br />

les imaginations des peuples orientaux se sont toujours complu, que la faute en<br />

revenait à une métaphysique abstruse, qui ne regardait pas tant à présenter aux yeux<br />

des monstruosités qu'à leur proposer des symboles propres à donner pâture aux<br />

considérations transcendantales. L’explication me paraît plus spécieuse que solide. Je<br />

trouve même qu'elle prête, bien gratuitement, un goût pervers aux esprits élevés qui,<br />

pour vouloir pénétrer les plus subtils mystères, ne sont cependant pas, ipso facto,<br />

dans la nécessité absolue de rudoyer et d'avilir leurs sensations physiques. N'est-il pas<br />

moyen de recourir à des symboles qui ne soient pas répugnants ? Les puissances de la<br />

nature, les forces variées de la Divinité, ses attributs nombreux ne sauraient-ils être<br />

exprimés que par des comparaisons révoltantes ? Lorsque l'hellénisme a voulu produire<br />

la statue mystique de la triple Hécate, lui a-t-il donné trois têtes, six bras, six jambes, at-il<br />

contourné ses visages dans d'abominables contractions ? L'a-t-il assise sur un<br />

Cerbère immonde ? Lui a-t-il disposé sur la poitrine un collier de têtes et dans les<br />

mains des instruments de supplice souillés des marques d'un emploi récent ? Quand, à<br />

son tour, la foi chrétienne a représenté la Divinité triple et une, s'est-elle jetée dans les<br />

horreurs ? Pour montrer un saint Pierre, ouvrant à la fois le monde d'en haut et celui<br />

d'en bas, a-t-elle pris son recours à la caricature ? Nullement. L'hellénisme et la pensée<br />

catholique ont su parfaitement se dispenser d'en appeler à la laideur dans des sujets qui<br />

cependant n'étaient pas moins métaphysiques que les dogmes hindous, assyriens,<br />

égyptiens, les plus compliqués. Ainsi, ce n'est pas à la nature de l'idée abstraite en ellemême<br />

qu'il faut s'en prendre quand les images sont odieuses : c'est à la disposition des<br />

yeux, des esprits, des imaginations auxquelles doivent s'adresser les représentations

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