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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 115<br />

consommée n'est pas capable de contrarier un seul instant les lois immuables du<br />

monde.<br />

Ainsi, inconnue, dédaignée ou haïe du plus grand nombre des hommes assemblés<br />

sous son ombre, notre civilisation est pourtant un des monuments les plus glorieux que<br />

le génie de l'espèce ait jamais édifié. Ce n'est pas, à la vérité, par l'invention qu'elle se<br />

signale. Cette qualité mise à part, disons qu'elle a poussé loin l'esprit compréhensif et<br />

la puissance de la conquête, qui en est une conséquence. Comprendre tout, c'est tout<br />

prendre. Si elle n'a pas créé les sciences exactes, elle leur a donné du moins leur<br />

exactitude et les a débarrassées des divagations dont, par un singulier phénomène, elles<br />

étaient peut-être encore plus mêlées que toutes les autres connaissances. Grâce à ses<br />

découvertes, elle connaît mieux le monde matériel que ne faisaient les sociétés précédentes.<br />

Elle a deviné une partie de ses lois principales, elle sait les exposer, les décrire<br />

et leur emprunter des forces vraiment merveilleuses pour centupler celles de l'homme.<br />

De proche en proche et par la rectitude avec laquelle elle manie l'induction, elle a<br />

reconstruit d'immenses fragments de l'histoire, dont les anciens ne s'étaient jamais<br />

doutés, et, plus elle s'éloigne des époques primitives, plus elle les voit et pénètre leurs<br />

mystères. Ce sont là de grandes supériorités, et qu'on ne saurait lui disputer sans<br />

injustice.<br />

Ceci admis, est-on bien en droit d'en conclure, comme on le fait généralement avec<br />

trop de facilité, que notre civilisation ait la préexcellence sur toutes celles qui ont existé<br />

et existent en dehors d'elle ? Oui et non. Oui, parce qu'elle doit à la prodigieuse<br />

diversité des éléments qui la composent, de reposer sur un esprit puissant de comparaison<br />

et d'analyse, qui lui rend plus facile l'appropriation de presque tout ; oui, parce<br />

que cet éclectisme favorise ses développements dans les sens les plus divers ; oui,<br />

encore, parce que, grâce aux conseils du génie germanique, trop utilitaire pour être<br />

destructeur, elle s'est fait une moralité dont les sages exigences étaient inconnues<br />

généralement jusqu'à elle. Mais, si l'on pousse cette idée de son mérite jusqu'à la<br />

déclarer supérieure absolument et sans réserve, je dis non, car précisément elle n'excelle<br />

en presque rien.<br />

Dans l'art du gouvernement, on la voit soumise, en esclave, aux oscillations incessantes<br />

amenées par les exigences des <strong>races</strong> si tranchées qu'elle renferme. En Angleterre,<br />

en Hollande, à Naples, en Russie, les principes sont encore assez stables, parce que les<br />

populations sont plus homogènes, ou du moins appartiennent à des groupes de la<br />

même catégorie et ont des instincts similaires. Mais, partout ailleurs, surtout en<br />

France, dans l'Italie centrale, en Allemagne, où la diversité ethnique est sans bornes, les<br />

théories gouvernementales ne peuvent jamais s'élever à l'état de vérités, et la science<br />

politique est en perpétuelle expérimentation. Notre civilisation, rendue ainsi incapable<br />

de prendre une croyance ferme en elle-même, manque donc de cette stabilité qui est un<br />

des principaux caractères que j'ai dû comprendre plus haut dans la formule de<br />

définition. Comme on ne trouve pas cette triste impuissance au milieu des sociétés

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