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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 376<br />

qui puisse être comparé, pour l'ancienneté, avec ce que notre Occident si remué, si<br />

tourmenté, si ravagé et transformé tant de fois, peut cependant étaler avec une<br />

orgueilleuse abondance. La Chine n'a matériellement rien conservé 1 qui nous reporte<br />

même de loin, à ces époques extravagantes ou quelques savants du dernier siècle se<br />

réjouissaient de voir l'histoire s'enfoncer en narguant les témoignages mosaïques.<br />

Laissons donc de côté les concordances impossibles des différents systèmes suivis<br />

par les lettrés pour fixer les époques antérieures à Tsin-chi-hoang-ti, et ne recueillons<br />

que les faits appuyés de l'assentiment des autres peuples, ou portant avec eux une<br />

suffisante certitude.<br />

Les Chinois nous disent que le premier homme fut Pon-kou. Le premier homme,<br />

disent-ils ; mais ils entourent cet être primordial de telles circonstances qu'évidemment<br />

il n'était pas seul dans le lieu où ils le font apparaître. Il était entouré de créatures<br />

inférieures à lui, et ici on se demande s'il n'avait pas affaire à ces fils de singes, ces<br />

hommes jaunes dont la singulière vanité se complaisait à réclamer une si brutale origine.<br />

Le doute se change bientôt en certitude. Les historiens indigènes affirment qu'à<br />

l'arrivée des Chinois, les Miao 2 occupaient déjà la contrée, et que ces peuples étaient<br />

étrangers aux plus simples notions de sociabilité. Ils vivaient dans des trous, dans des<br />

grottes, buvaient le sang des animaux qu'ils attrapaient à la course, ou bien, à défaut de<br />

chair crue, mangeaient de l'herbe et des fruits sauvages. Quant à la forme de leur<br />

gouvernement, elle ne démentait pas tant de barbarie. Les Miao se battaient à coups de<br />

branches d'arbres, et le plus vigoureux restait le maître jusqu'à ce qu'il en vînt un plus<br />

fort que lui. On ne rendait aucun, honneur aux morts. On se contentait de les<br />

empaqueter dans des branches et des herbages, on les liait au milieu de ces espèces de<br />

fagots, et on les cachait sous des buissons 3 .<br />

Je remarquerai, en passant, que voilà bien, dans une réalité historique, l'homme<br />

primitif de la philosophie de Rousseau et de ses partisans ; l'homme qui, n'ayant que<br />

des égaux, ne peut aussi fonder qu'une autorité transitoire dont une massue est la<br />

légitimité, genre de droit assez souvent frappé de défaveur devant des esprits un peu<br />

libres et fiers. Malheureusement pour l'idée révolutionnaire, si cette théorie rencontre<br />

une preuve chez les Miao et chez les noirs, elle n'a pas encore réussi à la découvrir<br />

chez les blancs, où nous ne pouvons apercevoir une aurore privée des clartés de<br />

l'intelligence.<br />

1<br />

Il faut excepter de ce jugement certains travaux de colonisation et de dessèchement sur les rives du<br />

Hoang-ho, qui paraissent remonter à des temps fort reculés. Ce ne sont pas là, à proprement parler,<br />

des monuments. C'est un tracé cent fois fait et refait depuis sa création.<br />

2<br />

Gaubil, Traité de la chronologie chinoise.<br />

3<br />

Gaubil, ouvr. cité, p. 2, 80, 109 ; Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 758 ; Lassen, Indische Alterth.,<br />

t. I, p. 454.

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