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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 298<br />

poèmes qui ont besoin pour se produire de facultés bien supérieures à celles d'où peut<br />

jaillir l'effusion lyrique. Nous verrons que la poésie épique est le privilège de la famille<br />

ariane ; encore n'a-t elle tout son feu, tout son éclat, que chez les nations de cette<br />

branche qui ont été atteintes par le mélange mélanien.<br />

À côté de cette littérature si libérale pour la sensation, et si stérile pour la réflexion,<br />

se placent la peinture et la sculpture. Ce serait une faute que d'en parler en les<br />

séparant ; car si la sculpture était assez perfectionnée pour qu'on pût l'étudier et<br />

l'admirer à part, il n'en était pas de même de sa sœur, simple annexe de la figuration en<br />

relief, et qui, dénuée du clair-obscur comme de la perspective, et ne procédant que par<br />

teintes plates, se rencontre quelquefois isolée dans les hypogées, mais ne sert alors qu'à<br />

l'ornementation, ou bien laisse regretter l'absence de la sculpture qu'elle devrait<br />

recouvrir. Une peinture plate ne peut valoir que pour une abréviation.<br />

D'ailleurs, comme il est fort douteux que la sculpture se soit jamais passée du<br />

complément des couleurs, et que les artistes assyriens ou égyptiens aient consenti à<br />

présenter aux regards exigeants de leurs spectateurs matérialistes des œuvres habillées<br />

uniquement des teintes de la pierre, du marbre, du porphyre ou du basalte ; Séparer les<br />

deux arts ou élever la peinture à un rang d'égalité avec la sculpture, c'est se méprendre<br />

sur l'esprit de ces antiquités. Il faut, à Ninive et à Thèbes, ne se figurer les statues, les<br />

hauts, les bas et les demi-reliefs, que dorés et peints des plus riches couleurs.<br />

Avec quelle exubérance la sensualité assyrienne et égyptienne s'empr<strong>essai</strong>t de se<br />

ruer vers toutes les manifestations séduisantes de la matière ! À ces imaginations<br />

surexcitées et voulant toujours l'être davantage, l'art devait arriver non par la réflexion,<br />

mais par les yeux, et lorsqu'il avait touché juste, il en était récompensé par de<br />

prodigieux enthousiasmes et une domination presque incroyable. Les voyageurs qui<br />

parcourent aujourd'hui l'Orient remarquent, avec surprise, l'impression profonde, et<br />

quelque peu folle, produite sur les populations par les représentations figurées, et il<br />

n'est pas un penseur qui ne reconnaisse, avec la Bible et le Coran, l'utilité spiritualiste<br />

de la prohibition jetée sur l'imitation des formes humaines chez des peuples si<br />

singulièrement enclins à outrepasser les bornes d'une légitime admiration, et à faire des<br />

arts du dessin la plus puissante des machines démoralisatrices.<br />

De telles dispositions excessives sont, tout à la fois, favorables et contraires aux<br />

arts. Elles sont favorables, parce que, sans la sympathie et l'excitation des masses, il<br />

n'y a pas de création possible. Elles nuisent, elles empoisonnent, elles tuent l'inspiration,<br />

parce que, l'égarant dans une ivresse trop violente, elles l'écartent de la recherche<br />

de la beauté, abstraction qui doit se poursuivre en dehors et au-dessus du gigantesque<br />

des formes et de la magie des couleurs.<br />

L'histoire de l'art a beaucoup à apprendre encore, et on pourrait dire qu'à chacune<br />

de ses conquêtes elle aperçoit de nouvelles lacunes. Toutefois, depuis Winckelmann,

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