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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 58<br />

plus profondément les raisons d'exister ou de mourir qui dominent les peuples.<br />

Indépendamment donc des circonstances de bien-être ou de malaise, on a commencé à<br />

envisager la constitution des sociétés en elle-même, et on s'est montré disposé à<br />

admettre que nulle cause extérieure n'avait sur elle une prise mortelle, tant qu'un<br />

principe destructif né d'elle-même et dans son sein, inhérent, attaché à ses entrailles,<br />

n'était pas puissamment développé, et qu'au contraire, aussitôt que ce fait destructeur<br />

existait, le peuple, chez lequel il fallait le constater, ne pouvait manquer de mourir, fûtil<br />

le mieux gouverné des peuples, absolument comme un cheval épuisé s'abat sur une<br />

route unie.<br />

En prenant la question sous ce point de vue, on faisait un grand pas, il faut le<br />

reconnaître, et on se plaçait sur un terrain, dans tous les cas, beaucoup plus<br />

philosophique que le premier. En effet, Bichat n'a pas cherché à découvrir le grand<br />

mystère de l'existence en étudiant les dehors ; il a tout demandé à l'intérieur du sujet<br />

humain. En faisant de même, on s'attachait au seul vrai moyen d'arriver à des<br />

découvertes. Malheureusement cette bonne pensée, n'étant que le résultat de l'instinct,<br />

ne poussa pas très loin sa logique, et on la vit se briser sur la première difficulté. On<br />

s'était écrié : Oui, réellement, c'est dans le sein même d'un corps social qu'existe la<br />

cause de sa dissolution ; mais quelle est cette cause ? La dégénération, fut-il répliqué ;<br />

les nations meurent lorsqu'elles sont composées d'éléments dégénérés. La réponse était<br />

fort bonne, étymologiquement et de toute manière ; il ne s'agissait plus que de définir<br />

ce qu'il faut entendre par ces mots : nation dégénérée. C'est là qu'on fit naufrage : on<br />

expliqua un peuple dégénéré par un peuple qui, mal gouverné, abusant de ses richesses,<br />

fanatique ou irréligieux, a perdu les vertus caractéristiques de ses premiers pères. Triste<br />

chute ! Ainsi une nation périt sous les fléaux sociaux parce qu'elle est dégénérée, et elle<br />

est dégénérée parce qu'elle périt. Cet argument circulaire ne prouve que l'enfance de l'art<br />

en matière d'anatomie sociale. Je veux bien que les peuples périssent parce qu'ils sont<br />

dégénérés, et non pour autre cause ; c'est par ce malheur qu'ils sont rendus définitivement<br />

incapables de souffrir le choc des désastres ambiants, et qu'alors, ne pouvant plus<br />

supporter les coups de la fortune adverse, ni se relever après les avoir subis, ils<br />

donnent le spectacle de leurs illustres agonies ; s'ils meurent, c'est qu'ils n'ont plus pour<br />

traverser les dangers de la vie la même vigueur que possédaient leurs ancêtres, c'est, en<br />

un mot enfin, qu'ils sont dégénérés. L'expression, encore une fois, est fort bonne ; mais<br />

il faut l'expliquer un peu mieux et lui donner un sens. Comment et pourquoi la vigueur<br />

se perd-elle ? Voilà ce qu'il faut dire. Comment dégénère-t-on ? C'est là ce qu'il s'agit<br />

d'exposer. jusqu'ici on s'est contenté du mot, on n'a pas dévoilé la chose. C'est ce pas<br />

de plus que je vais essayer de faire.<br />

Je pense donc que le mot dégénéré, s'appliquant à un peuple, doit signifier et<br />

signifie que ce peuple n'a plus la valeur intrinsèque qu'autrefois il possédait, parce qu'il<br />

n'a plus dans ses veines le même sang, dont des alliages successifs ont graduellement<br />

modifié la valeur ; autrement dit, qu'avec le même nom, il n'a pas conservé la même race<br />

que ses fondateurs ; enfin, que l'homme de la décadence, celui qu'on appelle l'homme

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