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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 245<br />

d'autres habitants, cela signifiait que ces populations étaient formées d'une base noire<br />

assez épaisse sur laquelle étaient venus se superposer, dans une proportion moindre,<br />

des éléments tirés des <strong>races</strong> blanche et jaune ramenées encore par des alluvions<br />

carthaginoises vers le naturel mélanien.<br />

Ce fut de son patriciat chamite que la patrie d'Annibal reçut sa grande prépondérance<br />

sur tous les peuples plus noirs. Tyr, privée de cette force et livrée à une<br />

complète incohérence de race, s'enfonça dans l'anarchie à pas de géant.<br />

Peu de temps après le départ de ses nobles, elle tomba, pour toujours, dans la<br />

servitude étrangère, d'abord assyrienne, puis persane, puis macédonienne. Elle ne fut<br />

plus à jamais qu'une ville sujette. Pendant le petit nombre d'années qui lui restèrent<br />

encore pour exercer son isonomie, soixante-dix-neuf ans seulement après la fondation<br />

de Carthage, elle se rendit célèbre par son esprit séditieux, ses révolutions constantes et<br />

sanglantes. Les ouvriers de ses fabriques se portèrent, à plusieurs reprises, à des<br />

violences inouïes, massacrant les riches, s'emparant de leurs femmes et de leurs filles et<br />

s'établissant en maîtres dans les demeures des victimes au milieu de richesses<br />

usurpées 1 . Bref, Tyr devint l'horreur de tout le Chanaan, dont elle avait été la gloire, et<br />

elle inspira à toutes les contrées environnantes une haine et une indignation si fortes et<br />

de si longue haleine que, lorsque Alexandre vint mettre le siège devant ses murailles,<br />

toutes les villes du voisinage s'empressèrent de fournir des vaisseaux pour la réduire.<br />

Suivant une tradition locale, on applaudit unanimement en Syrie, quand le conquérant<br />

condamna les vaincus à être mis en croix. C'était le supplice légal des esclaves révoltés :<br />

les Tyriens n'étaient pas autre chose.<br />

Tel fut, en Phénicie, le résultat du mélange immodéré, désordonné des <strong>races</strong>,<br />

mélange trop compliqué pour avoir eu le temps de devenir une fusion, et qui, n'arrivant<br />

qu'à juxtaposer les instincts divers, les notions multiples, les antipathies des types<br />

différents, favorisait, créait et éternisait des hostilités mortelles.<br />

Je ne puis m'empêcher de traiter ici épisodiquement une question curieuse, un vrai<br />

problème historique. C'est l'attitude humble et soumise des colonies phéniciennes visà-vis<br />

de leurs métropoles : Tyr d'abord, Carthage ensuite. L'obéissance et le respect<br />

furent tels que, pendant une longue suite de siècles, on ne cite pas un seul exemple de<br />

proclamation d'indépendance dans ces colonies, qui cependant n'avaient pas toujours<br />

été formées des meilleurs éléments.<br />

On connaît leur mode de fondation. C'étaient d'abord de simples campements<br />

temporaires, fortifiés sommairement pour défendre les navires contre les déprédations<br />

des indigènes. Lorsque le lieu prenait de l'importance par la nature des échanges, ou que<br />

les Chananéens trouvaient plus fructueux d'exploiter eux-mêmes la contrée, le<br />

1 Movers, t. II, 1 re partie, p. 366.

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