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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 116<br />

bouddhiques et brahmaniques, comme le Céleste Empire ne la connaît pas non plus,<br />

c'est un avantage que ces civilisations ont sur la nôtre. Là, tout le monde est d'accord<br />

quant à ce qu'il faut croire en matière politique. Sous une sage administration, quand les<br />

institutions séculaires portent de bons fruits, on se réjouit. Lorsque, entre des mains<br />

maladroites, elles nuisent au bien-être public, on les plaint comme on se plaint soimême.<br />

Mais, en aucun temps, le respect ne cesse de les entourer. On veut quelquefois<br />

les épurer, jamais les mettre à néant ni les remplacer par d'autres. Il faudrait être<br />

aveugle pour ne pas voir là une garantie de longévité que notre civilisation est bien loin<br />

de comporter.<br />

Au point de vue des arts, notre infériorité vis-à-vis de l'Inde est marquée, tout<br />

autant qu'en face de l'Égypte, de la Grèce et de l'Amérique. Ni dans le grandiose, ni<br />

dans le beau, nous n'avons rien de comparable aux chefs-d'œuvre des <strong>races</strong> antiques, et<br />

lorsque, nos jours étant consommés, les ruines de nos monuments et de nos villes<br />

couvriront la face de nos contrées, certainement le voyageur ne découvrira rien, dans les<br />

forêts et les marécages des bords de la Tamise, de la Seine et du Rhin, qui rivalise avec<br />

les somptueuses ruines de Philæ, de Ninive, du Parthénon, de Salsette, de la vallée de<br />

Tenochtitlan. Si, dans le domaine des sciences positives, les siècles futurs ont à<br />

apprendre de nous, il n'en est pas ainsi pour la poésie. L'admiration désespérée que<br />

nous avons vouée, avec tant de justice, aux merveilles intellectuelles des civilisations<br />

étrangères, en est une preuve surabondante.<br />

Parlant maintenant du raffinement des mœurs, il est de toute évidence que nous y<br />

sommes primés de tous côtés. Nous le sommes par notre propre passé, où il se trouve<br />

des moments pendant lesquels le luxe, la délicatesse des habitudes et la somptuosité de<br />

la vie étaient compris d'une manière infiniment plus dispendieuse, plus exigeante et<br />

plus large que de nos jours, À la vérité, les jouissances étaient moins généralisées. Ce<br />

qu'on appelle bien-être n'appartenait comparativement qu'à peu de monde. Je le crois :<br />

mais, s'il faut admettre, fait incontestable, que l'élégance des mœurs élève autant l'esprit<br />

des multitudes spectatrices qu'elle ennoblit l'existence des individus favorisés, et qu'elle<br />

répand sur tout le pays dans lequel elle s'exerce un vernis de grandeur et de beauté,<br />

devenu le patrimoine commun, notre civilisation, essentiellement mesquine dans ses<br />

manifestations extérieures, n'est pas comparable à ses rivales.<br />

Je terminerai ce chapitre en faisant observer que le caractère primitivement<br />

organisateur de toute civilisation est identique avec le trait le plus saillant de l'esprit de<br />

la race dominatrice ; que la civilisation s'altère, change, se transforme à mesure que cette<br />

race subit elle-même de tels effets ; que c'est dans la civilisation que se continue, pendant<br />

une durée plus ou moins longue, l'impulsion donnée par une race qui cependant a<br />

disparu, et, par conséquent, que le genre d'ordre établi dans une société est le fait qui<br />

accuse le mieux les aptitudes particulières et le degré d'élévation des peuples ; c'est le<br />

miroir le plus clair où ils puissent refléter leur individualité.

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