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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 439<br />

Les Perses ne reculèrent pas. Tout favorisait leur domination. La décadence<br />

égyptienne était achevée. Le pays du Nil ne possédait plus de ressources personnelles<br />

de résistance. Il payait encore, à la vérité, des mercenaires pour faire la garde autour de<br />

sa caducité, et, par parenthèse, la dégénération générale de la race sémitique l'avait<br />

contraint de remplacer, presque absolument, les Cariens et les Philistins par des Arians<br />

Grecs. Là se bornait ce qu'il pouvait tenter. Il n'avait plus assez de souplesse ni de<br />

nerfs pour courir lui-même aux armes, et, battu, se relever d'une défaite 1 .<br />

Les Perses l'asservirent et insultèrent, de leur mieux, à cœur joie, à son culte, à ses<br />

lois et à ses mœurs.<br />

Si l'on considère avec quelque attention le tableau si vivant qu'Hérodote a tracé de<br />

cette époque, on est frappé de voir que deux nations traitaient le reste de l'univers, soit<br />

vaincu, soit à vaincre, avec un égal mépris, et ces deux nations, qui sont les Perses et<br />

les Grecs, se considéraient aussi, l'une l'autre, comme barbares, oubliant à demi, à demi<br />

négligeant leur communauté d'origine. Il me semble que le point de vue où elles se<br />

plaçaient, pour juger si sévèrement les autres peuples, était à peu près le même. Ce<br />

qu'elles leur reprochaient, c'était également de manquer du sens de la liberté, d'être<br />

faibles devant le malheur, amollies dans la prospérité, lâches dans le combat ; et ni les<br />

Grecs ni les Perses ne tenaient beaucoup de compte aux Assyriens, aux Égyptiens, du<br />

passé glorieux qui avait abouti à tant de débilités répugnantes. C'est que les deux<br />

groupes méprisants se trouvaient alors à un niveau pareil de civilisation. Bien que<br />

séparés déjà par les immixtions qui avaient modifié leurs essences respectives, et,<br />

partant, leurs aptitudes, état dont leurs langues rendent témoignage, le commun<br />

principe arian qui, chez eux, dominait encore sur les alliages, suffisait à leur faire<br />

envisager d'une façon analogue les principales questions de la vie sociale. C'est<br />

pourquoi les pages du vieillard d'Halicarnasse représentent si vivement cette similitude<br />

de notions et de sentiments dont ils témoignaient. C'étaient comme deux frères de<br />

fortune différente, différents par le rang social, frères pourtant par le caractère et les<br />

tendances. Le peuple arian-iranien tenait dans l'Occident la place d'aîné de la famille : il<br />

dominait le monde. Le peuple grec était le cadet, réservé à porter un jour le sceptre, et<br />

se préparant à cette grande destinée par une sorte d'isonomie vis-à-vis de la branche<br />

régnante, isonomie qui n'était pas tout à fait de l'indépendance. Quant aux autres<br />

populations renfermées sous l'horizon des deux rameaux arians, elles demeuraient, pour<br />

le premier, objets de conquête et de domination, pour le second, matière à exploiter. Il<br />

est bon de ne pas perdre de vue ce parallélisme, sans quoi l'on comprendrait peu les<br />

déplacements du pouvoir arrivés plus tard.<br />

1 C'était le goût du gouvernement pour les auxiliaires étrangers qui avait déterminé l'émigration de<br />

l'armée nationale en Éthiopie. En 362-340, Nectanébo II envoya au secours des Chananéens, révoltés<br />

contre les Perses, Mentor le Rhodien avec 4,000 Grecs. Ce condottiere le trahit. (Wilkinson,<br />

Customs and Manners of the ancient Egyptians, t. I, p. 211.)

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