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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 395<br />

Les Arians, vainqueurs orgueilleux dont on ne fait pas facilement des sujets,<br />

voulurent, toutes les fois qu'ils se trouvèrent maîtres des <strong>races</strong> inférieures, ne pas<br />

laisser aux mains d'un seul d'entre eux les jouissances du commandement. En Chine,<br />

donc, comme dans toutes les autres colonisations de la famille, la souveraineté du<br />

territoire fut fractionnée, et sous la suzeraineté précaire d'un empereur une féodalité,<br />

jalouse de ses droits 1 , s'installa et se maintint depuis l'invasion des Kschattryas<br />

jusqu'au règne de Tsin-chi-hoang-ti, l'an 246 avant J.-C., autrement dit, aussi longtemps<br />

que la race blanche conserva assez de virtualité pour garder ses aptitudes<br />

principales 2 . Mais, aussitôt que sa fusion avec les familles malaise et jaune fut assez<br />

prononcée pour qu'il ne restât pas de groupes même à demi blancs, et que la masse de<br />

la nation chinoise se trouva élevée de tout ce dont ces groupes jusque-là dominateurs<br />

avaient été diminués pour être rabaissés et confondus avec elle, le système féodal, la<br />

domination hiérarchisée, le grand nombre des petites royautés et des indépendances de<br />

personnes, n'eurent plus nulle raison d'exister, et le niveau impérial passa sur toutes les<br />

têtes, sans distinction.<br />

Ce fut de ce moment que la Chine se constitua dans sa forme actuelle 3 . Cependant<br />

la révolution de Tsin-chi-hoang-ti ne faisait qu'abolir la dernière trace apparente de la<br />

race blanche, et l'unité du pays n'ajoutait rien à ses formes gouvernementales, qui<br />

restaient patriarcales comme ci-devant. Il n'y avait de plus que cette nouveauté, grande<br />

d'ailleurs en elle-même, que la dernière trace de l'indépendance, de la dignité personnelle,<br />

comprises à la manière ariane, avait disparu à jamais devant les envahissements<br />

définitifs de l'espèce jaune 4 .<br />

1 « Sous les trois premières <strong>races</strong>, l'empire était entièrement composé de principautés, de fiefs « et<br />

d'apanages héréditaires. Les hommes qui en étaient investis avaient sur leurs « subordonnés une<br />

autorité plus grande que celle des pères sur leurs fils, des chefs de « famille sur leurs propriétés...<br />

Chaque chef gouvernait son fief comme sa propriété « héréditaire. » (Ma-touan-lin, cité par M. E.<br />

Biot, voir le Tcheou-li, t. I, Introduct., p. XXVII.)<br />

2 Les Chinois, qui forment aujourd'hui une grande démocratie impériale, ne jouissaient pas du<br />

principe de l'égalité au XXII e siècle avant notre ère, dans l'époque féodale. Le peuple était en servage<br />

complet, il n'était pas apte à posséder des biens immeubles. Les Tcheou l'admirent au partage des<br />

bas emplois jusqu'au grade de préfet. Plus anciennement, il n'avait pas le droit d'acquérir<br />

l'instruction. (Tcheou-li, t. I, Introduct., p. LV, et pass.) – Ainsi les Chinois, comme tous les<br />

autres peuples, n'ont eu l'égalité politique qu'à la suite de la disparition des grandes <strong>races</strong>.<br />

3 Et c'est seulement de ce moment-là que date la philosophie politique nationale. Confucius, et plus<br />

tard Meng-tseu, furent également centralisateurs et impérialistes. Le système féodal ne leur est pas<br />

moins odieux qu'aux écoles politiques de l'Europe actuelle. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 90.)<br />

– Les moyens qu'employa Tsin-chi-hoang-ti pour abattre les familles seigneuriales furent des plus<br />

énergiques. On commença par brûler les livres : c'étaient les archives du droit souverain des nobles<br />

et les annales de leur gloire. On abolit les alphabets particuliers des provinces. On désarma toute la<br />

nation. On abrogea les noms des anciennes circonscriptions territoriales, et l'on partagea le pays en<br />

trente-six départements administrés par des mandarins que l'on eut soin de changer fréquemment de<br />

postes. On força cent vingt mille familles à venir résider dans la capitale, avec défense de s'en<br />

éloigner sans permission, etc., etc. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 61.)<br />

4 Il se passa alors un fait absolument semblable à celui qui eut lieu, chez nous, en 1789, lorsque<br />

l'esprit novateur considéra comme de première nécessité la destruction des anciennes subdivisions<br />

territoriales. En Chine, on abolit les circonscriptions qui pouvaient rappeler des idées de nationalités<br />

ou de souverainetés. On créa des provinces et des arrondissements purement administratifs. Je<br />

remarque toutefois une différence assez sérieuse. Les départements chinois furent très étendus et les

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