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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 75<br />

d'hommes de race européenne. Ainsi, les affaires se traitent et se décident, en fait, entre<br />

la mission protestante et ses agents ; le reste n'est là que pour la montre.<br />

Quant au toi Kamehameha III, c'est, paraît-il, un prince de mérite. Il a, pour son<br />

compte, renoncé à se tatouer la figure, et, bien que n'ayant pas encore converti tous ses<br />

courtisans, il éprouve déjà la juste satisfaction de ne les plus voir tracer sur leurs fronts<br />

et leurs joues que d'assez légers dessins. Le gros de la nation, nobles de campagne et<br />

gens du peuple, persiste sur ce point, comme sur les autres, dans les vieilles idées.<br />

Toutefois des causes très nombreuses amènent chaque jour aux îles Sandwich un<br />

surcroît de population européenne. Le voisinage de la Californie fait du royaume<br />

hawaïen un point très intéressant pour la clairvoyante énergie de nos nations. Les<br />

baleiniers déserteurs et les matelots réfractaires de la marine militaire n'y sont plus les<br />

seuls colons de race blanche : des marchands, des spéculateurs, des aventuriers de toute<br />

espèce, accourent, y bâtissent des maisons et s'y fixent. La race indigène, envahie, va<br />

peu à peu se mélanger et disparaître. Je ne sais si le gouvernement représentatif et<br />

indépendant ne fera pas bientôt place à une simple administration déléguée, relevant de<br />

quelque grande puissance étrangère ; ce dont je ne doute pas, c'est que les institutions<br />

importées finiront par s'établir solidement dans ce pays, et le jour de leur triomphe<br />

verra, synchronisme néc<strong>essai</strong>re, la ruine totale des naturels.<br />

À Saint-Domingue, l'indépendance est complète. Là, point de missionnaires<br />

exerçant une autorité voilée et absolue ; point de ministère étranger fonctionnant avec<br />

l'esprit européen : tout est abandonné aux inspirations de la population elle-même.<br />

Cette population, dans la partie espagnole, est composée de mulâtres. Je n'en parlerai<br />

pas. Ces gens paraissent imiter, tant bien que mal, ce que notre civilisation a de plus<br />

facile : ils tendent comme tous les métis, à se fondre dans la branche de leur généalogie<br />

qui leur fait le plus d'honneur ; ils sont donc susceptibles, jusqu'à un certain point, de<br />

mettre en pratique nos usages. Ce n'est pas chez eux qu'il faut étudier la question<br />

absolue. Passons donc les montagnes qui séparent la république dominicaine de l'État<br />

d'Haïti.<br />

Nous nous trouvons là en face d'une société dont les institutions sont non<br />

seulement pareilles aux nôtres, mais encore dérivent des maximes les plus récentes de<br />

notre sagesse politique. Tout ce que, depuis soixante ans, le libéralisme le plus raffiné a<br />

fait proclamer dans les assemblées délibérantes de l'Europe, tout ce que les penseurs<br />

les plus amis de l'indépendance et de la dignité de l'homme ont pu écrire, toutes les<br />

déclarations de droits et de principes, ont trouvé leur écho sur les rives de l'Artibonite.<br />

Rien d'africain n'a survécu dans les lois écrites ; les souvenirs de la terre chamitique ont<br />

officiellement disparu des esprits ; jamais le langage officiel n'en a montre la trace ; les<br />

institutions, je le répète, sont complètement européennes. Voyons maintenant comment<br />

elles s'adaptent avec les mœurs.

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