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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 385<br />

Divinité, et on ne l'approche qu'à genoux. Ce qu'il veut, il le peut théoriquement ; mais,<br />

dans la pratique, s'il veut une énormité, il a bien de la peine à l'accomplir. La nation se<br />

montre irritée, les mandarins font entendre des représentations, les ministres, prosternés<br />

aux pieds du trône impérial, gémissent tout haut des aberrations du père commun,<br />

et le père commun, au milieu de ce tolle général, reste le maître de pousser sa fantaisie<br />

jusqu'au bout, à la seule condition de rompre avec ce qu'on lui a appris, dès l'enfance, à<br />

tenir pour sacré et inviolable. Il se voit isolé et n'ignore pas que, s'il continue dans la<br />

route où il s'engage, l'insurrection est au bout.<br />

Les annales chinoises sont éloquentes sur ce sujet. Dans les premières dynasties, ce<br />

qu'on raconte des méfaits des empereurs réprouvés aurait paru bien véniel aux<br />

historiens d'Assyrie, de Tyr ou de Chanaan. J'en veux donner un exemple.<br />

L'empereur Yeou-wang, de la dynastie de Tcheou, qui monta sur le trône 781 ans<br />

avant J.-C., régna trois ans sans qu'on eût aucun reproche grave à lui faire. La troisième<br />

année, il devint amoureux d'une fille nommée Pao-sse, et s'abandonna sans réserve à la<br />

fougue de ce sentiment. Pao-sse lui donna un fils, qu'il nomma Pe-fou, et qu'il voulut<br />

instituer prince héritier à la place de l'aîné, Y-kieou. Pour y parvenir, il exila l'impératrice<br />

et son fils, ce qui mit le comble au mécontentement déjà éveillé par une conduite<br />

qui n'était pas conforme aux rites. De tous côtés l'opposition éclata.<br />

Les grands de l'empire firent assaut d'observations respectueuses auprès de l'empereur.<br />

On demanda, de toutes parts, l'éloignement de Pao-sse, on l'accusa d'épuiser<br />

l’État par ses dépenses, de détourner le souverain de ses devoirs. Des satires violentes<br />

couraient de toutes parts, répétées par les populations. De leur côté, les parents de<br />

l'impératrice s'étaient réfugiés, avec elle, chez les Tartares, et on s'attendait à une<br />

invasion de ces terribles voisins, crainte qui n'augmentait pas peu la fureur générale.<br />

L'empereur aimait éperdument Pao-sse et ne cédait pas.<br />

Toutefois, comme à son tour il redoutait, non sans raison, l'alliance des mécontents<br />

avec les hordes de la frontière, il réunit des troupes, les plaça dans des positions<br />

convenables, et ordonna qu'en cas d'alarme on allumât des feux et battît du tambour,<br />

auquel signal tous les généraux auraient à accourir, avec leur monde, pour tenir tête à<br />

l'ennemi.<br />

Pao-sse était d'un caractère très sérieux. L'empereur se consumait perpétuellement<br />

en efforts pour attirer sur ses lèvres un sourire. C'était grand hasard quand il y<br />

réussissait, et rien ne lui était plus agréable. Un jour, une panique soudaine se répandit<br />

partout, les gardiens des signaux crurent que les cavaliers tartares avaient franchi les<br />

limites et approchaient ; ils mirent promptement le feu aux bûchers qu'on avait<br />

préparés, et aussitôt tous les tambours de battre. À ce bruit, princes et généraux,<br />

rassemblant leurs troupes, accoururent ; on ne voyait que gens en armes, se hâtant deçà

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