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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 277<br />

la vérité, la physiologie, la linguistique, l'histoire, les monuments, le sens commun,<br />

réclament unanimement contre cette façon de représenter le passé. Mais les inventeurs<br />

de ce beau système ne se laissent pas aisément étonner. Embarrassés de peu de science,<br />

armés de beaucoup d'audace, il est vraisemblable qu'ils continueront leur route et ne<br />

cesseront pas de proposer Axoum pour la capitale du monde. Ce sont là des<br />

excentricités dont je ne fais mention que pour établir qu'elles ne valent pas la peine<br />

d'être discutées 1 .<br />

La réalité scientifique, pour qui ne veut pas rire, est que la civilisation abyssine<br />

procède des deux sources que je viens d'indiquer, égyptienne et arabe, et que la<br />

première surtout domina de beaucoup sur la seconde dans l'âge antique. Il sera toujours<br />

difficile d'établir à quelle époque eurent lieu les premières émigrations des Cuschites<br />

d’Asie et des Himyarites. Une opinion qui date de notre XVII e siècle, et dont Scaliger<br />

fut l'auteur, ne faisait remonter qu'à l'époque de Justinien l'invasion des Joktanides<br />

dans ce pays d'Afrique. Job Ludolf la réfute très bien et lui préfère avec raison le<br />

sentiment de Conringius. Sans citer tous ses motifs, je lui ferai deux emprunts : l'un,<br />

d'un argument qui fixe du moins l'esprit sur la très haute antiquité de l'émigration<br />

himyarite 2 , et l'autre, d'une phrase dans laquelle il caractérise l'ancienne langue éthiopienne,<br />

et sur laquelle il est bon de ne pas laisser régner une obscurité qui pourrait faire<br />

supposer une apparente contradiction avec ce que j'ai avancé de la prédominance de<br />

l'élément égyptien dans la civilisation abyssine.<br />

D'abord, le premier point : Ludolf retourne très adroitement les raisonnements de<br />

Scaliger au sujet du silence des historiens grecs sur l'émigration himyarite en Abyssinie.<br />

Il prouve que ce silence n'a pas eu d'autre cause que l'oubli accumulé par une longue<br />

suite de siècles sur un fait trop fréquent dans l'histoire des âges reculés pour que les<br />

observateurs d'alors aient songé à lui reconnaître de l'importance. Au temps où les<br />

Grecs ont commencé à s'occuper de l'ethnologie des nations qui, pour eux, avoisinaient<br />

le bout du monde, ces événements étaient déjà trop loin pour que leurs renseignements,<br />

toujours assez incomplets sur les annales étrangères, pussent percer jusque-là. Le<br />

silence des voyageurs hellènes ne signifie absolument rien, et n'infirme pas les raisons<br />

tirées de l'antique communauté de culte, de la ressemblance physique, et enfin de<br />

1 Wilkinson, t. I, p. 4. – Ce savant se prononce sans hésitation contre le système chéri des<br />

négrophiles. M. Lepsius n'est pas moins péremptoire. En parlant de la pyramide d'Assur, il<br />

prononce l'arrêt suivant : « Le plus important résultat de notre examen, exécuté moitié à la « clarté<br />

de la lune, moitié à celle des torches, ne fut pas précisément de la nature la plus « réjouissante.<br />

J'acquis la conviction irréfragable (unabweissliche) que, dans ce monument, « le plus célèbre de<br />

tous ceux de l'ancienne Éthiopie, je n'avais sous les yeux que des débris « d'un art relativement très<br />

moderne. » (Briefe aus Ægypten, etc., p. 147.) Et quelques lignes plus bas : « Ce serait vainement,<br />

« désormais, que l'on prétendrait appuyer sur le « témoignage d'anciens monuments les hypothèses<br />

concernant une Méroé glorieuse et « antique, dont les habitants auraient été les prédécesseurs et les<br />

maîtres des Égyptiens « dans la civilisation. » (Ouvr. cité, p. 184.) M. Lepsius ne pense pas que les<br />

constructions éthiopiennes les plus anciennes dépassent le règne de Tirhakah, prince qui avait fait<br />

son éducation royale en Égypte et qui florissait au VII e siècle avant J.-C. seulement.<br />

2 J. Ludolf, Comm. ad. Histor. Æthiopic., p. 61.

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