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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 392<br />

mieux dire, que si l'abus se montrait, la répression serait aussi prompte qu'implacable,<br />

et aurait lieu sous la direction des lois contre la trahison.<br />

On en conviendra : quelle solidité, quelle force n'a pas une organisation sociale qui<br />

peut permettre de telles déviations à son principe et qui n'a jamais vu sortir de sa<br />

tolérance le moindre inconvénient !<br />

L'administration chinoise a atteint, dans la sphère des intérêts matériels, à des<br />

résultats auxquels nulle autre nation antique ou moderne n'est jamais parvenue 1 ;<br />

instruction populaire partout propagée, bien-être des sujets, liberté entière dans la<br />

sphère permise, développements industriels et agricoles des plus complets, production<br />

aux prix les plus médiocres, et qui rendraient toute concurrence européenne difficile<br />

avec les denrées de consommation ordinaire, comme le coton, la soie, la poterie. Tels<br />

sont les résultats incontestables dont le système chinois peut se vanter 2 .<br />

Il est impossible ici de se défendre de la réflexion que, si les doctrines de ces écoles<br />

que nous appelons socialistes venaient jamais à s'appliquer et à réussir dans les États<br />

de l'Europe, le nec plus ultra du bien serait d'obtenir ce que les Chinois sont parvenus à<br />

immobiliser chez eux. Il est certain, dans tous les cas, et il faut le reconnaître à la gloire<br />

de la logique, que les chefs de ces écoles n'ont pas le moins du monde repoussé la<br />

condition première et indispensable du succès de leurs idées, qui est le despotisme. Ils<br />

ont très bien admis, comme les politiques du Céleste Empire, qu'on ne force pas les<br />

nations à suivre une règle précise et exacte, si la loi n'est pas armée, en tout temps,<br />

d'une complète et spontanée initiative de répression. Pour introniser leur régime, ils ne<br />

se refuseraient pas à tyranniser. Le triomphe serait à ce prix, et une fois la doctrine<br />

établie, l'universalité des hommes aurait la nourriture, le logement, l'instruction pratique<br />

assurés. Il ne serait plus besoin de s'occuper des questions posées sur la circulation du<br />

capital, l'organisation du crédit, le droit au travail et autres détails 3 .<br />

li : « Si le peuple dit : Tuez ! le sous-préposé aux brigands tue. Si le « peuple dit : Faites grâce !<br />

alors, il fait grâce. » Et un autre commentateur, Wang-tchao-yu, ajoute : « Lorsque le peuple pense<br />

qu'on doit exécuter le coupable, on applique sans « incertitude les peines supérieures... Lorsque le<br />

peuple pense qu'il faut gracier, on « n'accorde pas la grâce pleine et entière. Seulement on applique<br />

les peines inférieures, « qui sont moindres que les premières. » (Tcheou-li, t. I. p. 323.)<br />

1 Le commentaire de Tching-khang-tching sur le 9 e verset du livre VII du Tcheou-li donne une<br />

excellente formule de la cité chinoise. La voici : « Un royaume est constitué par « l'établissement<br />

du marché et du palais dans la capitale. L'empereur établit le palais ; « l'impératrice établit le<br />

marché. C'est le symbole de la concordance parfaite des deux « principes mâle et femelle qui<br />

président au mouvement et au repos. » (Tcheou-li, t. I, p. 145.)<br />

2 Vers l'an 1070 (de notre ère), le Premier ministre de l'empereur Chin-tsong, nommé « Wang-« ngantchi,<br />

introduisit des changements dans les droits des marchés et institua un « nouveau système<br />

d'avances en grains faites aux cultivateurs. » Voilà des idées tout à fait analogues à celles que,<br />

depuis soixante ans seulement, on déclare, en Europe, dominer, en importance, toutes les autres<br />

notions politiques. (Voir Tcheou-li, t. I, introd., p. XXII.)<br />

3 « C'est un système étonnant (l’organisation chinoise), reposant sur une idée unique, celle de « l'État<br />

chargé de pourvoir à tout ce qui peut contribuer au bien public et subordonnant « l'action de chacun<br />

à ce but suprême. Tcheou-kong a dépassé, dans son organisation, tout « ce que les États modernes<br />

les plus centralisés et les plus bureaucratiques ont essayé, et il « s'est rapproché en beaucoup de

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