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essai_inegalite_races_1

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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 41<br />

de quelques-unes qui, gisant en squelettes de pierre au fond de forêts presque<br />

contemporaines du monde 1 , ne nous ont pas même transmis cette ombre de souvenir ;<br />

lorsque l'esprit, faisant un retour sur nos États modernes, se rend compte de leur<br />

jeunesse extrême, s'avoue qu'ils ont commencé d'hier et que certains d'entre eux sont<br />

déjà caducs : alors on reconnaît, non sans une certaine épouvante philosophique, avec<br />

combien de rigueur la parole des prophètes sur l'instabilité des choses s'applique aux<br />

civilisations comme aux peuples, aux peuples comme aux États, aux États comme aux<br />

individus, et l'on est contraint de constater que toute agglomération humaine, même<br />

protégée par la complication la plus ingénieuse de liens sociaux, contracte, au jour<br />

même où elle se forme, et caché parmi les éléments de sa vie, le principe d'une mort<br />

inévitable.<br />

Mais quel est ce principe ? Est-il uniforme ainsi que le résultat qu'il amène, et<br />

toutes les civilisations périssent-elles par une cause identique ?<br />

Au premier aspect, on est tenté de répondre négativement ; car on a vu tomber bien<br />

des empires, l'Assyrie, l'Égypte, la Grèce, Rome, dans des conflits de circonstances qui<br />

ne se ressemblaient pas. Toutefois, en creusant plus loin que l'écorce, on trouve<br />

bientôt, dans cette nécessité même de finir qui pèse impérieusement sur toutes les<br />

sociétés sans exception, l'existence irrécusable, bien que latente, d'une cause générale,<br />

et, partant de ce principe certain de mort naturelle indépendant de tous les cas de mort<br />

violente, on s'aperçoit que toutes les civilisations, après avoir duré quelque peu,<br />

accusent à l'observation des troubles intimes, difficiles à définir, mais non moins<br />

difficiles à nier, qui portent dans tous les lieux et dans tous les temps un caractère<br />

analogue ; enfin, en relevant une différence évidente entre la ruine des États et celle des<br />

civilisations, en voyant la même espèce de culture tantôt persister dans un pays sous<br />

une domination étrangère, braver les événements les plus calamiteux, et tantôt, au<br />

contraire, en présence de malheurs médiocres, disparaître ou se transformer, on s'arrête<br />

de plus en plus à cette idée, que le principe de mort, visible au fond de toutes les<br />

sociétés, est non seulement adhérent à leur vie, mais encore uniforme et le même pour<br />

toutes.<br />

J'ai consacré les études dont je donne ici les résultats à l'examen de ce grand fait.<br />

C'est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération<br />

d'hommes et le mode de culture intellectuelle qui en résulte doivent périt. Les époques<br />

précédentes ne le croyaient pas. Dans l'antiquité asiatique, l'esprit religieux, ému comme<br />

d'une apparition anormale par le spectacle des grandes catastrophes politiques, les<br />

attribuait à la colère céleste frappant les péchés d'une nation ; c'était là, pensait-on, un<br />

châtiment propre à amener au repentir les coupables encore impunis. Les juifs,<br />

1<br />

M. A. de Humboldt, Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent. Paris,<br />

in-8-.

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