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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 239<br />

d'autres temps, les Hindous, les Grecs, les Italiens et d'autres nations empruntèrent la<br />

même erreur aux mêmes sources.<br />

Mais les faits vont à leurs conséquences, sans se soucier du concours des opinions.<br />

Les Sémites ne purent, sans doute, devenir des dieux puisqu'ils n'avaient pas le sang<br />

pur et que, prépondérants, ils ne l'étaient pas assez pour agir sur les imaginations au<br />

degré néc<strong>essai</strong>re à l'apothéose. Les Chamites noirs surent également leur refuser l'entrée<br />

des sacerdoces réservés depuis tant de siècles aux mêmes familles. Alors les Sémites<br />

humilièrent la théocratie et, plus haut qu'elle, placèrent le gouvernement et le pouvoir<br />

du sabre. Après une lutte assez vive, de sacerdotal, monarchique et absolu, le<br />

gouvernement des villes phéniciennes devint aristocratique, républicain et absolu, ne<br />

gardant ainsi de la triade de forces qu'il remplaçait que la dernière.<br />

Il ne détruisit pas complètement les deux autres, fidèle en cela au rôle réformateur,<br />

modificateur, plutôt que révolutionnaire, imposé à ses actes par son origine, si voisine<br />

de celle des Chamites noirs, et dès lors respectueuse pour le fond de leurs œuvres.<br />

Parmi les grandeurs de son aristocratie, il fit une place des plus honorables aux<br />

pontificats. Il leur assigna dans l'État le second rang, et continua à en laisser les<br />

honneurs aux nobles familles chamites qui jusqu'alors les avaient possédés. La royauté<br />

ne fut pas traitée si bien. Peut-être, d'ailleurs, les Chamites noirs eux-mêmes n'en<br />

avaient-ils jamais que médiocrement développé la puissance, comme on est tenté de le<br />

croire pour les États assyriens.<br />

Soit qu'on acceptât désormais, dans le gouvernement des villes phéniciennes, un<br />

chef unique, ou bien, combinaison plus fréquente, que la couronne dédoublée se partageât<br />

entre deux rois intentionnellement choisis dans deux maisons rivales, l'autorité de<br />

ces chefs suprêmes devint entièrement limitée, surveillée, contrainte, et on ne leur<br />

accorda guère, avec plénitude, que des prérogatives sans effet et des splendeurs sans<br />

liberté. Il est permis de croire que les Sémites étendirent à toutes les contrées où ils<br />

dominèrent cette jalouse surveillance de la puissance monarchique, et qu'à Ninive<br />

comme à Babylone, les titulaires de l'empire ne furent, sous leur inspiration, que les<br />

représentants sans initiative des prêtres et des nobles.<br />

Telle fut l'organisation sortie de la fusion des Chamites noirs de la Phénicie avec les<br />

Sémites. Les rois, autrement dit les suffètes, vivaient dans des palais somptueux. Rien<br />

ne semblait ni trop beau ni trop bon pour rehausser la magnificence dont les vrais<br />

maîtres de l'État se plaisaient à en orner la double tête. Des multitudes d'esclaves des<br />

deux sexes, splendidement vêtus, étaient aux ordres de ces mortels accablés sous<br />

l'étalage des jouissances. Des eunuques par troupeaux gardaient l'entrée de leurs jardins<br />

et de leurs gynécées. Des femmes de tous les pays leur étaient amenées par les navires<br />

voyageurs. Ils mangeaient dans l'or, ils se couronnaient de diamants et de perles,<br />

d'améthystes, de rubis, de topazes, et la pourpre, si, exaltée par l'imagination antique,<br />

était la couleur respectueusement réservée à tous leurs vêtements. En dehors de cette

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