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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 464<br />

et sans éclats, dans les montagnes macédoniennes. En cherchant dans toute la Grèce, on<br />

ne le voit plus exister que là.<br />

Je reviens au sud. Le pouvoir absolu de la patrie fut donc délégué à des corps<br />

aristocratiques, aux meilleurs des hommes, suivant l'expression grecque 1 , et ils<br />

l'exercèrent naturellement, comme ce pouvoir absolu et sans réplique pouvait être<br />

exercé, avec une âpreté digne de la côte d'Asie. Si les populations avaient encore été<br />

arianes, il en serait résulté de grandes convulsions, et, après un temps d'<strong>essai</strong> plus ou<br />

moins prolongé, la race aurait rejeté unanimement un régime mal fait pour elle. Mais la<br />

tourbe plus qu'à demi sémitique ne pouvait avoir de ces délicatesses. Elle ne devait<br />

jamais s'en prendre à l'essence du système, et jamais, en effet, il n'y eut en Grèce,<br />

jusqu'aux derniers jours, la moindre insurrection ni des grands ni du peuple contre le<br />

régime arbitraire. Toute la discussion resta bornée à cette considération secondaire, de<br />

savoir à qui devait appartenir la délégation omnipotente.<br />

Les nobles, arguant du droit de premier occupant, appuyaient leurs prétentions sur<br />

la possession traditionnelle, et ils éprouvèrent combien cette doctrine était difficile à<br />

maintenir en face d'un danger permanent, inhérent aux sources mêmes du système, et<br />

qui naissait de l'absolutisme. Toute chose violente possède en soi une force d'une<br />

nature spéciale : cette force, par ses écarts ou même son usage simple, produit des<br />

périls qui ne peuvent être conjurés qu'au prix d'une tension permanente. Or, l'unique<br />

moyen de réaliser cette immobilité se trouve dans une concentration énergique. C'est<br />

pourquoi la délégation des pouvoirs illimités de la patrie penchait constamment à se<br />

résumer entre les mains d'un seul homme. Ainsi, pour combattre une nuée<br />

d'inconvénients, on se mettait à perpétuité sous le coup d'un autre embarras jugé très<br />

redoutable, fort détesté, maudit par toutes les générations, et qu'on nomma la tyrannie.<br />

L’origine et la fondation de la tyrannie étaient aussi faciles à découvrir et à prévoir<br />

qu'impossibles à empêcher. Lorsque, par suite de l'état de compétition perpétuelle des<br />

cités, la patrie périclitait, ce n'était plus un conseil de nobles qui se trouvait capable de<br />

faire face à une crise : c'était un citoyen seul qui, bon gré, mal gré, absorbait l'action<br />

gouvernementale. Dès ce moment, chacun pouvait se demander si, le danger passé, le<br />

sauveur consentirait à lâcher la délégation, et, au lieu de faire frémir tout le monde, s'en<br />

retournerait frémir lui-même du trop grand service qu'il avait rendu à la patrie.<br />

Autre cas : un citoyen était riche, puissant, considéré ; sa haute position portait<br />

néc<strong>essai</strong>rement ombrage aux nobles. Impossible de ne pas lui laisser deviner quelque<br />

chose de cette méfiance. À moins d'être aveugle, il s'apercevait qu'un jour ou l'autre un<br />

1 On les appelait aussi, comme chez nous, les gens bien nés, (mot grec) Ces nobles ont laissé quelques<br />

noms. On connaît encore les Codrides, les Médontides, les Alcméonides, les Géphyres<br />

d'Athènes, les Penthélides de Mitylène, les Basilides d'Erythrées, les Néléides de Milet, les<br />

Bacchiades de Corinthe, le, Ctésippides d'Épidaure, les Eratides de Rhodes, les Hippotadées de Cos<br />

et de Cnide, les Aleuades de Larisse, les Opheltiades et les Kléonymides de Thèbes ; les<br />

Deucalionides, qui avaient régné à Delphes depuis l'arrivée de leur éponyme. (Mc. Cullagh, t. I, p.<br />

15.)

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