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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 315<br />

On trouvera entre ces idées et celles de la mythologie scandinave des rapports<br />

frappants. Ce ne sont pas des rapports, c'est une identité parfaite qu'il faut constater<br />

ici entre les opinions de ces deux tribus de la famille blanche, si éloignées par les siècles<br />

et par les lieux. D'ailleurs, cette orgueilleuse conception des relations de l'homme avec<br />

les êtres surnaturels se rencontre dans les mêmes proportions grandioses chez les<br />

Grecs de l'époque héroïque. Prométhée, enlevant le feu divin, se montre plus rusé et<br />

plus prévoyant que Jupiter ; Hercule arrache par la force Cerbère à l'Érèbe ; Thésée fait<br />

trembler Pluton sur son trône ; Ajax blesse Vénus ; et Mercure, tout dieu qu'il est,<br />

n'ose se commettre avec l'indomptable courage des compagnons de Ménélas.<br />

Le Schah-nameh montre également ses champions aux prises avec les personnages<br />

infernaux, qui succombent sous la vigueur de leurs adversaires.<br />

Le sentiment sur lequel se base, chez tous les peuples blancs, cette exagération<br />

fanfaronne est incontestablement une idée très franche de l'excellence de la race, de sa<br />

puissance et de sa dignité. Je ne suis pas étonné de voir les nègres reconnaître si<br />

aisément la divinité des conquérants venus du nord, quand ceux-ci supposent, de bonne<br />

foi, la puissance surnaturelle communicable à leur égard, et croient pouvoir, en certains<br />

cas, et au prix de certains exploits guerriers ou moraux, s'élever aux lieu et place d'où les<br />

dieux les contemplent, les encouragent et les redoutent. C'est une observation qui peut<br />

se faire aisément, dans l'existence commune, que les gens sincères sont pris aisément<br />

pour ce qu'ils se donnent. À plus forte raison devait-il en être ainsi quand l'homme noir<br />

d'Assyrie et d'Égypte, dépouillé et tremblant, entendait son souverain affirmer que, s'il<br />

n'était pas encore dieu, il ne tarderait pas à le devenir. Le voyant gouverner, régir,<br />

instituer des lois, défricher des forêts, dessécher des marais, fonder des villes, en un<br />

mot, accomplir cette œuvre civilisatrice dont lui-même se reconnaissait incapable,<br />

l'homme noir disait aux siens : « Il se trompe : il ne va pas devenir dieu, il l'est déjà. »<br />

Et ils l'adoraient.<br />

À ce sentiment exagéré de sa dignité on pourrait croire que le cœur de l'homme<br />

blanc associait quelque penchant à l'impiété. On serait dans l'erreur ; car précisément le<br />

blanc est religieux par excellence 1 . Les idées théologiques le préoccupent à un très haut<br />

degré. Déjà on a vu avec quel soin il conservait les anciens souvenirs cosmogoniques,<br />

dont la tribu sémite des Hébreux abrahamides posséda, moitié par son propre fonds,<br />

moitié par transmission chamitique, les fragments les plus nombreux. La nation ariane,<br />

de son côté, prêtait son témoignage à quelques-unes des vérités de la Genèse 2 .<br />

1 Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 755.<br />

2 Voici les notions cosmogoniques conservées par une des hymnes du Rigvéda : « Alors il n'y « avait<br />

ni être ni non-être. Pas d'univers, pas d'atmosphère, ni rien au-dessus ; rien, nulle « part, pour le<br />

bien de qui que ce fût, enveloppant ou enveloppé. La mort n’était pas, ni « non plus l'immortalité,<br />

ni la distinction du jour et de la nuit. Mais CELA palpitait sans « respirer, seul avec le rapport à<br />

lui-même contenu en lui. Il n'y avait rien de plus. Tout « était voilé d'obscurité et plongé dans l'eau<br />

indiscernable. Mais cette masse ainsi voilée « fut manifestée par la force de la contemplation. Le<br />

désir (kama, l'amour) naquit d'abord « dans son essence, et ce fut la semence originelle, créatrice,

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