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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 346<br />

contenu entre les digues de la loi et le contraindre à n'empiéter pas sur le lit des voisins,<br />

les brahmanes voyaient venir maintenant la guerre civile, et la guerre de l'espèce la plus<br />

dangereuse, puisqu'elle avait lieu entre l'homme armé et celui qui ne l'était pas 1 .<br />

L'histoire du Malabar nous a conservé la date, sinon de la lutte en elle-même, du<br />

moins d'un de ses épisodes qui fut certainement parmi les principaux. Les annales de ce<br />

pays racontent qu'une grande querelle s'émut entre les kschattryas et les sages dans le<br />

nord de l'Inde, que tous les guerriers furent exterminés, et que les vainqueurs, conduits<br />

par Paraçou Rama, célèbre brahmane qu'il ne faut pas confondre avec le héros du<br />

Ramayana, vinrent, après leurs triomphes, s'établir sur la côte méridionale, et y constituèrent<br />

un État républicain. La date de cet événement, qui fournit le commencement de<br />

l'ère malabare, est l'an 1176 av. J.-C. 2 .<br />

Dans ce récit, il entre un peu de forfanterie. Généralement l'usage des plus forts<br />

n'est pas d'abandonner le champ de bataille, et surtout quand le vaincu est anéanti. Il<br />

est donc vraisemblable que, tout au rebours de ce que prétend leur chronique, les<br />

brahmanes furent battus et forcés de s'expatrier, et qu'en haine de la caste royale dont<br />

ils avaient dû subir l'insulte, ils adoptèrent la forme gouvernementale qui ne reconnaît<br />

pas l'unité du souverain.<br />

Cette défaite ne fut, d'ailleurs, qu'un épisode de la guerre, et il y eut plus d'une<br />

rencontre où les brahmanes n'obtinrent pas l'avantage. Tout indique aussi que leurs<br />

adversaires, Arians presque autant qu'eux, ne se montrèrent pas dénués d'habileté, et<br />

qu'ils ne mirent pas dans la puissance de leurs épées une confiance tellement absolue,<br />

qu'ils n'aient cru néc<strong>essai</strong>re d'aiguiser encore des armes moins matérielles. Les<br />

kschattryas se placèrent très adroitement au sein même des ressources de l'ennemi,<br />

dans la citadelle théologique, soit afin d'émousser l'influence des brahmanes sur les<br />

vayçias, les çoudras et les indigènes, soit pour calmer leur propre conscience et éviter à<br />

leur entreprise un caractère d'impiété qui l'aurait rendue promptement odieuse à l'esprit<br />

profondément religieux de la nation.<br />

On a vu que, pendant le séjour dans la Sogdiane et plus tard, l'ensemble des tribus<br />

zoroastriennes et hindoues prof<strong>essai</strong>t un culte assez simple. S'il était plus chargé<br />

d'erreurs que celui des époques tout à fait primordiales de la race blanche, il était moins<br />

compliqué cependant que les notions religieuses des purohitas qui commencèrent le<br />

travail du brahmanisme. À mesure que la société hindoue gagnait de l'âge et qu'en<br />

conséquence le sang noir des aborigènes de l'ouest et du sud et le type jaune de l'est et<br />

du nord s'infiltraient davantage dans son sein, les besoins religieux auxquels il fallait<br />

répondre variaient et devenaient exigeants. Pour satisfaire l'élément noir, Ninive et<br />

l'Égypte nous ont appris déjà les concessions indispensables. C'était le commencement<br />

1 Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 719-720.<br />

2 Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 537.

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