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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 279<br />

La nature du tribut n'indique pas un peuple avancé. Ce sont des produits bruts,<br />

pour la plupart, des animaux rares, du bétail, et surtout des esclaves. Les troupes fournies<br />

aussi comme auxiliaires n'avaient pas l'organisation savante des corps égyptiens ou<br />

sémites, et combattaient irrégulièrement. Rien donc, à ce moment, n'indiquait un grand<br />

développement, même dans la simple imitation de ce que les vainqueurs, les maîtres,<br />

pratiquaient le plus communément.<br />

Il faut descendre jusqu'à une époque plus basse pour trouver, avec plus de raffinement,<br />

la cause ethnique des innovations à laquelle j'ai déjà fait allusion.<br />

Au temps de Psammatik (664 avant J.-C.), ce prince, le premier d'une dynastie<br />

saïte, la 26 e de Manéthon, ayant mécontenté l'armée nationale par son goût pour les<br />

mercenaires ioniens-grecs et cariens-sémites, une grande émigration militaire eut lieu<br />

vers l'Abyssinie, et 240.000 soldats, abandonnant femmes et enfants, s'enfoncèrent<br />

dans le sud pour ne plus en revenir 1 . C'est de là que date l'ère brillante de l'Abyssinie<br />

et nous pouvons maintenant parler de monuments dans cette région, où l'on en<br />

chercherait vainement d'antérieurs qui aient été vraiment nationaux 2 .<br />

Deux cent quarante mille chefs de famille égyptiens, appartenant à la caste militaire,<br />

fort mélangés, sans doute, de sang noir, et, probablement, ayant reçu un certain apport<br />

de race blanche par les intermédiaires chamites et sémites, un tel groupe venant<br />

s'ajouter à ce que l'Abyssinie possédait déjà de facultés de la race supérieure, pouvait<br />

déterminer dans l'ensemble du mouvement national une activité propre à la séparer<br />

davantage de la stagnation de la race noire 3 . Mais il eût été bien surprenant et tout à<br />

fait inexplicable qu'une civilisation originale, ou seulement une copie faite de main de<br />

maître, sortît de ce mélange où, en définitive, le noir continuait à dominer. Les monuments<br />

ne présentèrent que des imitations médiocres de ce qui se voyait à Thèbes, à<br />

Memphis et ailleurs. Rien, pas un indice, pas une trace, ne montre une création<br />

personnelle des Abyssins, et leur plus grande gloire, ce qui a rendu leur nom illustre,<br />

c'est, il faut bien l'avouer, le mérite, en lui-même assez pâle, d'avoir été le dernier des<br />

peuples situés en Afrique chez lequel les recherches les plus minutieuses aient pu faire<br />

découvrir les vestiges d'une véritable culture politique et intellectuelle.<br />

Dans les temps de l'empire romain, le commerce du monde s'étant beaucoup<br />

étendu, les Abyssins y jouèrent un rôle derrière les Himyarites. Le génie de l'Égypte<br />

ancienne était alors tout à fait éteint. Des colons hellénisés pénétrèrent jusque dans la<br />

1 Hérodote, II, 30<br />

2 Suivant M. Lepsius, les dynasties chassées par les Hyksos se réfugièrent sur la limite de l'Éthiopie<br />

et y ont laissé quelques monuments. (Briefe aus Ægypten, etc., p. 267.)<br />

3 À Abou-Simbel, sur la jambe gauche d'un des quatre colosses de Rhamsès, le second en allant vers<br />

le sud, on trouve une inscription grecque et plusieurs inscriptions chananéennes commémoratives de<br />

la poursuite faite des guerriers fugitifs par les soldats grecs et cariens à la solde de Psammatik. –<br />

Lepsius, Briefe aus Ægypten, p. 261.

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