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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 355<br />

Une telle théorie pouvait renverser la société. Cependant, comme elle ne se<br />

présentait que sous une forme purement scientifique et ne se communiquait que dans<br />

les écoles, elle resta matière à discussion pour les érudits et ne descendit pas dans la<br />

politique. Mais, soit que les idées qui lui avaient donné naissance fussent quelque<br />

chose de plus que la découverte accidentelle d'un esprit chercheur, ou bien que des<br />

hommes très pratiques en aient eu connaissance, il se trouva qu'un jeune prince, de la<br />

plus illustre origine, appartenant à une branche de la race solaire, Sakya, fils de<br />

Çuddodhana, roi de Kapilavastu, entreprit d'initier les populations à ce que cette<br />

doctrine avait de libéral.<br />

Il se mit à enseigner, comme Kapila, que les oeuvres védiques étaient sans valeur ; il<br />

ajouta que ce n'était ni par les lectures liturgiques, ni par les austérités et les supplices,<br />

ni par le respect des classifications, qu'il était possible de s'affranchir des entraves de<br />

l'existence actuelle ; que, pour cela, il ne fallait avoir recours qu'à l'observance des lois<br />

morales, dans lesquelles on était d'autant plus parfait qu'on s'occupait moins de soi et<br />

plus d'autrui. Comme vertus supérieures et d'une efficacité incomparable, il proclama la<br />

libéralité, la continence, la science, l'énergie, la patience et la miséricorde. Il acceptait,<br />

du reste, en fait de théologie et de cosmogonie, tout ce que le brahmanisme savait, hors<br />

un dernier point, sur lequel il avait la prétention de promettre beaucoup plus que la loi<br />

régulière. Il affirmait pouvoir conduire les hommes, non seulement dans le sein de<br />

Brahma, d'où, après un temps, l'ancienne théologie enseignait que, par suite de l'épuisement<br />

des mérites, il fallait sortir pour recommencer la série des existences terrestres,<br />

mais dans l'essence du Bouddha parfait, où l'on trouvait le nirwana, c'est-à-dire le<br />

complet et éternel néant. Ainsi le brahmanisme était un panthéisme très compliqué, et<br />

le bouddhisme le compliquait encore en le faisant poursuivre sa route jusqu'à l'abîme de<br />

la négation 1 .<br />

Maintenant, comment Sakya produisait-il ses idées et cherchait-il à les répandre ? Il<br />

commença par renoncer au trône ; il se couvrit d'une robe de grosse toile commune et<br />

jaune, composée de haillons qu'il avait recueillis lui-même dans les bourriers, dans les<br />

cimetières, et cousus de sa main ; il prit un bâton et une écuelle, et désormais ne<br />

mangea plus que ce que l'aumône voulut lui donner. Il s'arrêtait sur les places publiques<br />

des villes et des villages et prêchait sa doctrine morale 2 . Se trouvait-il là des<br />

brahmanes, il faisait avec eux assaut de science et de subtilité, et les assistants écoutaient,<br />

pendant des heures entières, une polémique qu'enflammait la conviction égale<br />

des antagonistes. Bientôt il eut des disciples. Il en recruta beaucoup dans la caste<br />

militaire, peut-être plus encore dans celle des vayçias, alors bien puissante et bien<br />

honorée, comme fort riche. Quelques brahmanes vinrent aussi à lui. Ce fut surtout dans<br />

1<br />

Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 831 ; Burnouf, Introduction à l'hist. du bouddhisme indien, t. I,<br />

p. 152 et passim.<br />

2<br />

Burnouf, Introd. à l'hist. du bouddh. indien, t. I, p. 194.

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