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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 148<br />

n'est pas néc<strong>essai</strong>re, même dans l'état actuel du globe, que les lieux se trouvent à de<br />

longues distances. Sans parler des pays de montagnes, comme la Suisse, où, dans<br />

l'espace d'une à deux lieues de terrain, les conditions de l'atmosphère et du sol varient<br />

tellement que l'on y trouve confondues, en quelque sorte, la flore de la Laponie et celle<br />

de l'Italie méridionale ; sans rappeler que l'Isola Madre, sur le lac Majeur, nourrit des<br />

orangers en pleine terre, de grands cactus et des palmiers nains à la vue du Simplon,<br />

personne n'ignore combien la température de la Normandie est plus rude que celle de<br />

l'île de jersey. Dans un triangle étroit, et sans qu'il soit besoin de faire appel aux<br />

déductions de l'orographie, nos côtes de l'ouest présentent le spectacle le plus varié en<br />

fait d'existences végétales 1 .<br />

Quelle ne devait pas être la valeur des contrastes, sur l'espace le plus resserré, dans<br />

les époques redoutables au lendemain desquelles se reporte la naissance de notre<br />

espèce! Un seul et même lieu devenait aisément le théâtre des plus grandes révolutions<br />

atmosphériques, lorsque la mer s'en éloignait ou s'en approchait par l'inondation ou la<br />

mise à sec des régions voisines ; lorsque des montagnes s'élevaient, tout à coup, en<br />

masses énormes, ou s'abaissaient au niveau commun du globe, de manière à laisser des<br />

plaines remplacer leurs crêtes ; lorsque, enfin, des tr<strong>essai</strong>llements dans l'axe de la terre<br />

et, par suite, dans l'équilibre général et dans l'inclinaison des pôles sur l'écliptique,<br />

venaient troubler l'économie générale de la planète.<br />

On doit ainsi considérer comme écartée toute objection tirée de la difficulté du<br />

changement de lieux et de température aux premiers âges du monde, et rien ne s'oppose<br />

à ce que la famille humaine ait pu, soit étendre fort loin quelques-uns de ses groupes,<br />

soit, en les conservant réunis tous dans un espace assez resserré, les voir subir des<br />

influences très multiples. C'est de cette manière que purent se former les types<br />

secondaires dont sont descendues les branches actuelles de l'espèce. Quant à l'homme<br />

de la création première, quant à l'Adamite, puisqu'il est impossible de rien savoir de ses<br />

caractères spécifiques, ni combien chacune des familles nouvelles a conservé ou perdu<br />

1 M. Alexandre de Humboldt expose la loi déterminante de cette vérité lorsqu'il dit (Asie centrale, t.<br />

III, p. 23) : « La première base de la climatologie est la connaissance précise des « inégalités de la<br />

surface d'un continent. Sans cette connaissance hypsométrique, on « attribuerait à l'élévation du sol<br />

ce qui est l'effet d'autres causes, qui influent, dans les « basses régions, dans une surface qui a une<br />

même courbure avec la surface de l'océan, sur « l'inflexion des lignes isothermes (ou d'égale chaleur<br />

d'été). » En appelant l'attention sur cette grande multiplicité d'influences qui agissent sur la<br />

température d'un point géographique indiqué, le grand érudit berlinois conduit l'esprit à concevoir<br />

sans peine que, dans des lieux très voisins, et indépendamment de l'élévation du sol, il se forme des<br />

phénomènes climatériques très divers. Ainsi, il est un point de l'Irlande, dans le nord-est de l'île,<br />

sur la côte de Glenarn, qui, contrastant avec ce qui est possible aux environs, nourrit des myrtes en<br />

pleine terre, et aussi vigoureux que ceux du Portugal, sous le parallèle de Kœnigsberg en Prusse.<br />

« Il y gèle à peine en hiver, et cependant les chaleurs de l'été ne « suffisent pas pour mûrir le raisin.<br />

Les mares et les petits lacs des îles Fœroë ne se « couvrent pas de glace pendant l'hiver, malgré leur<br />

latitude de 62°... En Angleterre, sur les « côtes du Devonshire, les myrtes, le camelia japonica, le<br />

fuchsia coccinea et le boddleya « globosa passent l'hiver sans abri en pleine terre... À Salcombe, les<br />

hivers sont tellement « doux, qu'on y a vu des orangers en espaliers portant du fruit et à peine<br />

abrités par le « moyen des estères (p. 147-148). »

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