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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 146<br />

quelques variétés africaines, qui, par la forme de la tête osseuse, se rapprochent des<br />

proportions de nos familles, auraient eu leur première résidence dans le Caucase. La<br />

race jaune serait descendue des hauteurs glacées de l'Altaï. À leur tour, les tribus de<br />

nègres prognathes auraient, sur les versants méridionaux de l'Atlas, construit leurs<br />

premières cabanes, tenté leurs premières migrations ; et, de cette façon, ce que les<br />

temps originels auraient le mieux connu, ce seraient précisément ces lieux redoutables,<br />

de difficile accès, pleins de sombres horreurs, torrents, cavernes, glaces, neiges éternelles,<br />

infranchissables abîmes ; tandis que toutes les terreurs de l'inconnu se seraient<br />

trouvées, pour nos plus antiques parents, dans les plaines découvertes, sur les grandes<br />

rives des fleuves, des lacs et des mers.<br />

Le motif premier qui semble avoir conduit les philosophes anciens à émettre cette<br />

théorie, et les modernes à la renouveler, c'est l'idée que, pour traverser les grandes<br />

crises physiques de notre globe, l'espèce humaine a dû se rallier sur des sommets où les<br />

flots des déluges ne pouvaient l'atteindre. Mais cette application agrandie et généralisée<br />

de la tradition de l'Ararat, bien que convenant peut-être à des époques postérieures aux<br />

temps primitifs, à des temps où les populations avaient déjà couvert la face du monde,<br />

devient tout à fait inadmissible pour les temps où précisément l'espèce a dû naître dans<br />

le calme au moins relatif de la nature, et, soit dit en passant, elle est tout à fait contraire<br />

aux notions d'unité de l'espèce. De plus, les montagnes ont toujours été, dès les temps<br />

les plus reculés, l'objet d'une profonde crainte, d'un respect superstitieux. C'est là que<br />

toutes les mythologies ont placé le séjour des dieux. C'est sur la cime nuageuse de<br />

l'Olympe, c'est sur le mont Mérou que les Grecs et les Brahmes ont rêvé leurs<br />

assemblées divines ; c'est sur le haut du Caucase que Prométhée souffrait le châtiment<br />

mystérieux d'un crime plus mystérieux encore ; et, si les hommes avaient commencé<br />

par habiter ces hautes retraites, il est peu probable que leur imagination les eût ainsi<br />

relevées si fort que de les porter jusque dans le ciel. On vénère médiocrement ce que<br />

l'on a vu, connu, foulé aux pieds : il n'y aurait eu de divinités que dans les eaux et les<br />

plaines. Je suis donc induit à admettre l'idée contraire, et à supposer que les terrains<br />

découverts et plats ont été les témoins des premiers pas de l'homme. Du reste, c'est la<br />

notion biblique 1 , et du moment où le premier séjour se trouve ainsi établi, les difficultés<br />

des migrations sont sensiblement diminuées ; car les terrains plats, généralement<br />

coupés par des fleuves, aboutissent à des mers, et il n'est plus besoin de se préoccuper<br />

de la traversée bien autrement difficile des forêts, des déserts et des grands marécages.<br />

Il y a deux genres de migrations : les unes volontaires ; de celles-là il ne saurait être<br />

question dans les âges tout à fait génésiaques. Les autres sont imprévues et plus possibles<br />

et plus probables encore chez des sauvages imprudents, maladroits, que chez des<br />

nations perfectionnées. Il suffit d'une famille embarquée sur un radeau qui dérive, de<br />

quelques malheureux surpris par une irruption de la mer, cramponnés à des troncs<br />

d'arbres et saisis par les courants, pour donner la raison d'une transplantation lointaine.<br />

1 Gen. II, 8 et passim.

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