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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 92<br />

désormais, complètement façonnée à l'exploitation des terres, elle possédera, comme<br />

ces mêmes Cherokees dont je parle, et comme les Creeks de la rive sud de l'Arkansas,<br />

des troupeaux bien entretenus et même de nombreux esclaves noirs pour travailler aux<br />

plantations.<br />

J'ai choisi exprès les deux peuples sauvages que l'on cite comme les plus avancés ;<br />

et, loin de me rendre à l'avis des égalitaires, je n'imagine pas, en observant ces exemples,<br />

qu'il puisse s’en trouver de plus frappants de l'incapacité générale des <strong>races</strong> à entrer<br />

dans une voie que leur nature propre n'a pas suffi à leur faire trouver.<br />

Voilà deux peuplades, restes isolés de nombreuses nations détruites ou expulsées<br />

par les blancs, et d'ailleurs deux peuplades qui se trouvent naturellement hors de pair<br />

avec les autres, puisqu'on les dit descendues de la race alléghanienne, à laquelle sont<br />

attribués les grands vestiges d'anciens monuments découverts au nord du Mississipi 1 .<br />

Il y a là déjà, dans l'esprit de ceux qui prétendent constater l'égalité entre les Cherokees<br />

et les <strong>races</strong> européennes, une grande déviation à l'ensemble de leur système, puisque le<br />

premier mot de leur démonstration consiste à établir que les nations alléghaniennes ne<br />

se rapprochent des Anglo-Saxons que parce qu'elles sont supérieures elles-mêmes aux<br />

autres <strong>races</strong> de l'Amérique septentrionale. En outre, qu'est-il arrivé à ces deux tribus<br />

d'élite ? Le gouvernement américain leur a pris les territoires sur lesquels elles vivaient<br />

anciennement, et, au moyen d'un traité de transplantation, il les a fait émigrer l'une et<br />

l'autre sur un terrain choisi, où il leur a marqué à chacune leur place. Là, sous la<br />

surveillance du ministère de la guerre et sous la conduite des missionnaires protestants,<br />

ces indigènes ont dû embrasser, bon gré mal gré, le genre de vie qu'ils pratiquent<br />

aujourd'hui. L'auteur où je puise ces détails, et qui les tire lui-même du grand ouvrage<br />

de M. Gallatin 2 , assure que le nombre des Cherokees va augmentant. Il allègue pour<br />

preuve qu'au temps où Adair les visita, le nombre de leurs guerriers était estimé à<br />

2 300, et qu'aujourd'hui le chiffre total de leur population est porté à 15 000 âmes, y<br />

compris, à la vérité, 1 200 nègres esclaves, devenus leur propriété ; et, comme il ajoute<br />

aussi que leurs écoles sont, ainsi que leurs églises, dirigées par les missionnaires ; que<br />

ces missionnaires, en leur qualité de protestants, sont mariés, sinon tous, au moins<br />

pour la plupart, ont des enfants ou des domestiques de race blanche, et probablement<br />

aussi une sorte d'état-major de commis et d'employés européens de tous métiers, il<br />

devient très difficile d'apprécier si réellement il y a eu accroissement dans le nombre<br />

des indigènes, tandis qu'il est très facile de constater la pression vigoureuse que la race<br />

européenne exerce ici sur ses élèves 3 .<br />

1 Id., ibid., t. II, p. 119 et pass.<br />

2 Gallatin, Synopsis of the Indian tribes of North-America.<br />

3 Je n'ai pas voulu taquiner M. Prichard sur la valeur de ses assertions, et je les discute sans les<br />

contredire. J'aurais pu cependant me borner à les nier complètement, et j'aurais eu pour moi<br />

l'imposante autorité de M. A. de Tocqueville, qui, dans son admirable ouvrage De la Démocratie en<br />

Amérique, s'exprime ainsi au sujet des Cherokees : « Ce qui a « singulièrement favorisé le<br />

développement rapide des habitudes européennes chez ces « Indiens, a été la présence des métis.<br />

Participant aux lumières de son père, sans « abandonner entièrement les coutumes sauvages de sa

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