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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 319<br />

front assez haut, le cœur assez noble, l'intelligence assez éclairée, pour s'adresser sans<br />

intermédiaire à la majesté des dieux immortels 1 .<br />

Mais soit que, dans la période qui s'écoula entre le départ des Grecs et l'occupation<br />

du Pendjab, la famille ariane, s'étant trouvée en long contact avec les nations aborigènes,<br />

eût déjà perdu de sa pureté et compliqué son essence physique et morale de<br />

l'adjonction d'une pensée et d'un sang étrangers ; soit que les modifications survenues<br />

ne fussent que le développement naturel du génie progressif des Arians, toujours est-il<br />

que les anciennes notions sur la nature du pontificat se modifièrent insensiblement, et<br />

qu'un moment vint où les guerriers ne se crurent plus le droit ni la science de vaquer<br />

aux fonctions sacerdotales : des prêtres furent institués.<br />

Ces nouveaux guides des consciences devinrent sur-le-champ les conseillers des rois<br />

et les modérateurs des peuples. On les appelait purohitas. La simplicité du culte<br />

s'altéra entre leurs mains ; elle se compliqua, et l'art des sacrifices devint une science<br />

pleine d'obscurités dangereuses pour les profanes. On redouta dès lors de commettre,<br />

dans l'acte de l'adoration, des erreurs de forme qui pouvaient offenser les dieux, et, afin<br />

d'éviter ce danger, on ne se risqua plus à agir soi-même : on eut recours au seul<br />

purohita. Il est probable qu'à la pratique de la théologie et des fonctions liturgiques cet<br />

homme spécial joignit, de bonne heure, des connaissances en médecine et en chirurgie ;<br />

qu'il se livra à la composition des hymnes sacrés, et qu'il se rendit triplement vénérable<br />

aux yeux des rois, des guerriers, des populations tout entières par les mérites qui<br />

éclataient en sa personne au point de vue de la religion, de la morale et de la science 2 .<br />

Tandis que le pontife se créait ainsi des fonctions sublimes et bien propres à lui<br />

concilier l'admiration et les sympathies, les hommes libres n'étaient pas sans gagner<br />

quelque chose à la perte de plusieurs de leurs anciens droits, et, tout ainsi que le<br />

purohita, en s'emparant exclusivement d'une partie de l'activité sociale, en savait<br />

extraire des merveilles que les générations antérieures n'avaient pas soupçonnées, de<br />

même le chef de famille, vacant tout entier aux soins terrestres, se perfectionnait dans<br />

les arts matériels de la vie, dans la science du gouvernement, dans celle de la guerre et<br />

dans l'aptitude aux conquêtes.<br />

L'ambition la plus inquiète n'avait pas le temps de réfléchir à la valeur de ce qu'elle<br />

avait cédé, et d'ailleurs les conseils du purohita, non moins que ses secours, lorsque le<br />

guerrier était vaincu, ou blessé, ou malade, non moins que ses chants et ses récits,<br />

quand il était de loisir, contribuaient à l'impressionner en faveur de l'influence qu'il avait<br />

laissé nette, qu'il laissait croître à ses côtés, et à l'étourdir sur les dangers dont, pour<br />

l'avenir, elle pouvait menacer sa puissance et sa liberté.<br />

1<br />

Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 795.<br />

2<br />

Lassen, loc. cit. Il est ici question de l'époque où furent composés les hymnes les plus anciens des<br />

Védas.

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