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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 336<br />

À dater de ce moment, de nombreuses nations arianes se trouvèrent encore à peu<br />

près retranchées de la nationalité hindoue, et réduites à un degré inférieur de dignité et<br />

d'estime. Il faut placer, dans cette catégorie, les tribus blanches, vivant entre la<br />

Sarasvati et l'Hindou-koh, et plusieurs des riverains de l'Indus, c'est-à-dire celles-là<br />

mêmes qui, aux yeux de l'antiquité grecque ou romaine, représentaient les populations<br />

de l'Inde 1 . Au-dessous de ces peuplades dédaignées, il y en avait un très grand nombre<br />

d'impures, puis venaient les aborigènes 2 .<br />

Ainsi, pour les brahmanes, terribles logiciens, l'humanité politique se divisait en<br />

trois grandes fractions : la nation hindoue proprement dite, avec ses trois castes sacrées<br />

et sa caste supplémentaire, que l'on pourrait appeler de tolérance – sacrifice que la<br />

conviction faisait à la nécessité – puis les nations arianes, nommées vratyas, trop<br />

ouvertement mêlées au sang indigène, qui avaient adopté tard la règle sacrée et ne la<br />

suivaient pas rigoureusement, ou bien, pis est, s'étaient obstinées à la repousser. Dans<br />

ce cas, l'appellation de vratya, voleur, pillard, ne suffisait pas à l'aversion indignée du<br />

véritable Hindou, et de pareilles gens étaient qualifiés de dasyou, terme qui emporte un<br />

sens à peu près semblable avec le superlatif. Cette injure agréait d'autant mieux à la<br />

rancune acrimonieuse de ceux qui l'employaient, qu'elle se rapproche étymologiquement<br />

du zend dandyou, dakyou, dakhou 3 , dont usaient les Zoroastriens du sud<br />

1 « Quant aux Pandits (Cachemyriens), tous bramines de caste, ils sont d'une ignorance « grossière, et<br />

il n'y a pas un de nos serviteurs hindous qui ne se regarde comme de « meilleure caste qu'eux. Ils<br />

mangent de tout, excepté du bœuf, et boivent de l'arak ; il n'y a « dans l'Inde que les gens des castes<br />

infâmes qui le fassent. »<br />

(Correspondance de V. Jacquemont. – Lettre du 22 avril 1831.)<br />

2 Les populations attaquées par Alexandre étaient à demi arianes, mais considérées comme vratyas par<br />

les vrais Hindous. Tels étaient les Mali (Malavas) et les sujets de Porus (Pourou). Les Malavas<br />

étaient comptés au nombre des Bahlikas, avec les Ksudrakas (Oxydraques). Leurs brahmanes étaient<br />

considérés comme peu réguliers, et le Manava-Dharma-Sastra les accuse de négliger l'enseignement<br />

religieux. – Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 197; A W. V. Schlegel, Indische Bibliothek, t. I, p.<br />

169 et pass. – Si les Grecs ne connaissaient les Hindous que par approximation, ceux-ci n'étaient<br />

pas moins ignorants à leur égard. Dans les temps les plus anciens, les hommes d'au delà du Sindh<br />

avaient appelé les populations de l'ouest, Chamites et Sémites, avec lesquelles ils avaient des<br />

relations commerciales, Javana, mot très difficile à expliquer, car s'il paraît désigner généralement<br />

des nations occidentales, il s'applique aussi à des tribus du nord, voire même du sud. Jawa signifie<br />

courir, faire invasion. (W. de Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 65 et pass.; Burnouf,<br />

Nouveau journal asiatique, t. X, p. 238.) Plus tard, javana désigna particulièrement les Arabes. La<br />

Bible, s'emparant de cette expression, l'applique aux habitants sémites de Chypre et de Rhodes, et<br />

même aux Turdétains d'Espagne, et les nomme Javanim. (Movers, das Phœnizische Allerthum, t.<br />

II, 1 re partie, p. 270.) Enfin on trouve, dans une inscription de Darius, Jouna devenu la<br />

dénomination des Grecs insulaires, et, comme l'usage de ce mot chez les Hellènes est postérieur à<br />

Homère, il est à croire que les colons de la côte l'ont reçu des Perses, et, après l'avoir adopté pour<br />

eux-mêmes, l'ont transmis aux populations continentales. (Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 730.)<br />

Ce n'est que très tard que les Hindous ont sciemment reconnu les Grecs dans les javanas et l'époque<br />

n'en est pas antérieure au V e siècle avant notre ère. Le Mahabharata, dans ses derniers livres,<br />

dénomme ainsi les Macédoniens-Bactriens, et les vante comme faisant partie d'un peuple brave et<br />

savant. (Lassen, ibid., p. 862, et Zeitschrift für d. K. des Morgenl., II, p. 215.)<br />

3 Lassen, Zeitschrift für K. des Morgenl., t. II, p. 49.

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