06.05.2013 Views

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 291<br />

Cependant, faisons céder un moment toutes ces objections si fortes. Réduisons-les<br />

au silence, et adoptons Sésostris, et ses conquêtes pour ce qu'on nous les donne. Il<br />

restera incontesté que ces invasions ont été tout à fait temporaires, n'en déplaise à la<br />

fondation vaguement indiquée de cités soi-disant nombreuses, et tout à fait inconnues<br />

dans l'Asie Mineure, et à la colonisation de la Colchide, occupée par des peuples noirs,<br />

des Éthiopiens, disaient les Grecs, c'est-à-dire des hommes qui, de même que<br />

l'Éthiopien Memnon, peuvent fort bien n'avoir été que des Assyriens.<br />

Tous les récits qui font des monarques de Memphis autant d'incarnations antérieures<br />

de Tamerlan, outre qu'ils sont contraires à l'humeur pacifique et à la molle<br />

langueur des adorateurs de Phtah, à leur goût pour les occupations rurales, à leur<br />

religiosité casanière, se montrent trop incohérents pour ne pas reposer sur des<br />

confusions infinies d'idées, de dates, de faits et de peuples 1 . Jusqu'au dix-septième<br />

siècle avant J.-C. l'influence égyptienne, et toujours l'Afrique exceptée, n'avait que très<br />

peu d'action ; elle exerçait un faible prestige, elle était à peine connue 2 . Des travaux de<br />

défense du genre de ceux que les rois avaient fait construire sur les frontières orientales<br />

pour fermer le passage aux sables et surtout aux étrangers 3 , sont toujours l'œuvre d'un<br />

peuple qui, en se garantissant des invasions, limite lui-même son terrain. Les Égyptiens<br />

étaient donc volontairement séparés des nations orientales. Sans que tous rapports<br />

guerriers ou pacifiques fussent détruits, il n'en résultait pas un échange durable des<br />

idées, et par conséquent la civilisation resta confinée au sol qui l'avait vue naître, et ne<br />

porta point ses merveilles à l'est ni au nord, ni même dans l'ouest africain 4 .<br />

Quelle différence avec la culture assyrienne ! Celle-ci embrassa dans son vol<br />

immense un si vaste tour de pays, qu'il dépasse l'essor où purent s'emporter, dans des<br />

temps postérieurs, la Grèce d'abord, Rome ensuite. Elle domina l'Asie moyenne,<br />

1 Movers, das Phœn. Alterth., t. II, 1 re partie, p. 298.<br />

2 La Phénicie en tenait seule quelque compte ; les petites nations hébraïques ou chananéennes<br />

montraient une prédilection presque absolue pour les idées assyriennes. Je l'ai expliqué plus haut du<br />

reste : ces petits États-frontières étaient soumis à beaucoup de ménagements, en même temps qu'à<br />

beaucoup de séductions, et il n'y a rien d'extraordinaire à ce que, dans le voisinage immédiat de<br />

l'Égypte, il se trouve quelques t<strong>races</strong> de l'influence de ce pays. En tout cas, on aurait tort de trop<br />

facilement en accepter l'idée. Plus d'une coutume supposée égyptienne est tout aussi facile à<br />

revendiquer pour d'autres origines. La forme des chars est identique à Memphis et à Khorsabad<br />

(Wilkinson, t. I, p. 346 ; Botta, Monuments de Ninive) ; la construction des places de guerre se<br />

ressemblait extrêmement (loc. cit.), etc., etc.<br />

3 Bunsen, t. II, p. 320.<br />

4 Au VIII e siècle avant J.-C., les Égyptiens n'avaient pas même de marine, bien qu'à cette époque ils<br />

eussent englobé le Delta dans leur empire. Les peuples chananéens, sémites ou grecs étaient les<br />

seuls navigateurs qui auraient pu animer le commerce de leur pays ; ils attachaient une importance si<br />

secondaire à cet avantage, que, pour se défendre des insultes des pirates, ils n'avaient pas hésité à<br />

fermer l'entrée du Nil par des barrages qui la rendaient impraticable à tous les navires. (Movers, das<br />

Phœnizich Alterth., t. II, 1 re partie, p. 370.) – En somme, les guerres des Égyptiens du côté de<br />

l'Asie ont toujours eu un caractère plutôt défensif qu'agressif, et l'influence même que les Pharaons<br />

s'efforçaient de gagner dans les cités phéniciennes avait plutôt pour but de neutraliser l'action des<br />

gouvernements assyriens que de poursuivre des résultats positifs. (Movers, ibid, p. 298, 299, 415 et<br />

passim.)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!