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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 459<br />

rives du Pénée et de l'Achéloüs, soit que, dans l'intérieur du manoir, ils eussent à<br />

vaquer aux travaux sédentaires, ce qu'on exigeait d'eux était minime, parce que les<br />

maîtres avaient eux-mêmes peu de besoins. Les repas étaient promptement apprêtés.<br />

Le chef du logis se chargeait, le plus souvent, de tuer les bœufs ou les moutons, et de<br />

jeter leurs quartiers dans les chaudières d'airain. Il y prenait plaisir. C'était une<br />

politesse envers ses hôtes que de ne pas laisser à des mains serviles le soin de leur<br />

bien-être. Y avait-il à faire dans le domaine œuvre de maçon ou de charpentier, le maître<br />

encore ne dédaignait pas de manier la doloire et la hache. Fallait-il garder les troupeaux,<br />

il n'y répugnait pas davantage. Soigner les arbres du verger, les tailler, les émonder, il<br />

s'en chargeait volontiers. En somme, les travaux des esclaves ne s'accomplissaient pas<br />

sans la participation du guerrier, tandis que les femmes, réunies autour de l'épouse,<br />

tissaient avec elle à la même toile, ou préparaient la laine des mêmes toisons.<br />

Rien donc ne contribuait néc<strong>essai</strong>rement à empirer la condition de l'esclave, puisque<br />

tout labeur était assez honorable pour que le chef de la maison y prît une part<br />

constante. Puis il y avait au logis identité d'idées et de langage. Le guerrier n'en savait<br />

guère plus long que ses serviteurs sur les choses du monde et de la vie. S'il arrivait un<br />

poète, un voyageur, un sage, qui, après le repas, eût quelques récits à faire entendre, les<br />

esclaves, rassemblés autour du foyer, avaient leur part de l'enseignement. Leur expérience<br />

se formait comme celle du plus noble champion. Les conseils de leur vieillesse<br />

étaient aussi bien accueillis que s'ils étaient sortis d'une bouche libre et illustre.<br />

Que restait-il donc au maître ? Il lui restait toutes les prérogatives d'honneur, et<br />

encore des avantages positifs. Il était le seul homme de la maison, le pontife du foyer.<br />

Il avait seul le droit d'offrir des sacrifices. Il défendait la communauté, et, couvert de<br />

ses armes, superbement vêtu, prenait sa part de la liberté commune et du respect rendu<br />

à tous les citoyens de la cité. Mais, encore une fois, à moins que son caractère ne fût<br />

exceptionnellement cruel, qu'il n'exerçât sur ses entours l'action d'un insensé, ni la<br />

cupidité ni la coutume ne le portaient à opprimer son esclave, qui ne subissait d'autre<br />

malheur réel que celui d'être dominé. Les dieux avaient-ils donné à ce serviteur un talent<br />

quelconque, de la beauté ou de l'esprit, il devenait le conseiller, tenait tête à chacun, et<br />

jouait le rôle du bossu phrygien chez Xanthus.<br />

Ainsi l’Arian Grec, souverain chez lui, homme libre sur la place publique, vrai<br />

seigneur féodal, dominait sans réserve son entourage, enfants, serfs et bourgeois.<br />

Tant que régna l'influence du Nord, les choses restèrent à peu près partout dans<br />

cette situation ; mais lorsque les immigrations asiatiques, les révolutions de toute<br />

espèce arrivées à l'intérieur eurent troublé les rapports originaires, et que l'instinct<br />

sémitique commença à se faire plus fortement sentir, la scène changea tout à fait.<br />

Pour premier point, la religion se compliqua. Depuis longtemps les simples notions<br />

arianes avaient été abandonnées. Sans doute elles étaient altérées déjà à l'époque où les

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