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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 171<br />

et s'excluent toujours. Comme ce dernier point n'a pas été suffisamment éclairci, je vais<br />

y insister.<br />

Des conflits ont mis en présence la civilisation persane avec la civilisation grecque,<br />

l'égyptienne avec la grecque et la romaine, la romaine avec la grecque ; puis la civilisation<br />

moderne de l'Europe avec toutes celles qui existent aujourd'hui dans le monde, et<br />

notamment la civilisation arabe.<br />

Les rapports de l'intelligence grecque avec la culture persane étaient aussi multipliés<br />

que forcés. D'abord, une grande partie de la population hellénique, et la plus riche,<br />

sinon la plus indépendante, était concentrée dans ces villes du littoral syrien, dans ces<br />

colonies de l'Asie Mineure et du Pont, qui, très promptement réunies aux États du<br />

grand roi, vécurent sous la surveillance des satrapes, en conservant, jusqu'à un certain<br />

point, leur isonomie. La Grèce continentale et libre entretenait, de son côté, des<br />

rapports très intimes avec la côte d'Asie.<br />

Les civilisations des deux pays vinrent-elles à se confondre ? On sait que non. Les<br />

Grecs traitaient leurs puissants antagonistes de barbares et probablement ceux-ci le leur<br />

rendaient bien. Les mœurs politiques, la forme des gouvernements, la direction donnée<br />

aux arts, la portée et le sens intime du culte public, les mœurs privées de nations<br />

entremêlées sur tant de points demeurèrent pourtant distinctes. À Ecbatane, on ne<br />

comprenait qu'une autorité unique, héréditaire, limitée par certaines prescriptions<br />

traditionnelles, absolue dans le reste. Dans l'Hellade, le pouvoir était subdivisé en une<br />

foule de petites souverainetés. Le gouvernement, aristocratique chez les uns, démocratique<br />

chez les autres, monarchique chez ceux-ci, tyrannique chez ceux-là, affichait à<br />

Sparte, à Athènes, à Sicyone, en Macédoine, la plus étrange bigarrure. Chez les Perses,<br />

le culte de l'État, beaucoup plus rapproché de l'émanatisme primitif, montrait la même<br />

tendance à l'unité que le gouvernement, et surtout avait une portée morale et<br />

métaphysique qui ne manquait pas de profondeur. Chez les Grecs, le symbolisme, ne<br />

se prenant qu'aux apparences variées de la nature, se contentait de glorifier les formes.<br />

La religion abandonnait aux lois civiles le soin de commander à la conscience, et du<br />

moment qu'étaient parachevés les rites voulus, les honneurs rendus au dieu ou au héros<br />

topique, la foi avait rempli sa mission. Puis ces rites, ces honneurs, ces dieux et ces<br />

héros changeaient à chaque demi-lieue. Au cas où, dans quelques sanctuaires, comme à<br />

Olympie par exemple, ou à Dodone, on voudrait reconnaître, non plus l'adoration d'une<br />

des forces ou d'un des éléments de la nature, mais celle du principe cosmique lui-même,<br />

cette sorte d'unité ne ferait que rendre le fractionnement plus remarquable, comme<br />

n'étant pratiquée que dans des lieux isolés. D'ailleurs l'oracle Dodonéen, le Jupiter<br />

d'Olympie étaient des cultes étrangers.<br />

Pour les usages, il n'est pas besoin de faire ressortir à quel point ils différaient de<br />

ceux de la Perse. C'était s'exposer au mépris public, lorsqu'on était jeune, riche, voluptueux<br />

et cosmopolite, que de vouloir imiter les façons de vivre de rivaux bien autrement

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