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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 27<br />

Raciste ? Vous voulez rire. Il n'y a pas de <strong>races</strong>. Il y a, désespérément, les « fils-deroi<br />

», et puis les « blouses sales ». Certes ! si les uns et les autres parfois viennent à se<br />

confondre, où allons-nous ? Vive Baroche. Ce que j'entends par société, c'est une<br />

réunion, plus ou moins parfaite au point de vue politique, mais complète au point de<br />

vue social, d'hommes vivants sous la direction d'idées semblables et avec des instincts<br />

identiques. Et Gobineau poursuit sur la lancée de son erreur avec un enthousiasme et<br />

un lyrisme qui nous coupent le souffle.<br />

Il n'a rien compris au dynamisme comme élément civilisateur, à la contradiction<br />

comme nécessité dialectique. Nous venons de vivre l'ère de la décolonisation. Nous<br />

avons vu que cet aveuglement était partagé.<br />

Il faut lire l'Essai sur l'Inégalité des Races humaines. Et cela pour deux raisons.<br />

Contraires.<br />

6<br />

Arthur de Gobineau est un écrivain. Il a tenté mille carrières. Il ne tenait qu'à cellelà.<br />

Sa morgue l'empêchait de jeter la science par-dessus bord. Heureusement, nous<br />

pouvons lire Akrivie Phrangopoulo ou La Guerre des Turcomans. Quelle plume ! Mais<br />

L'Essai ? Eh bien, c'est essentiellement une œuvre de littérature, un poème à ras bord<br />

empli du plus amer des pessimismes. C'est un long cri personnel, subjectif, au secours<br />

duquel, dans des raccourcis qui donnent le vertige, qui étourdissent, toute l'Histoire,<br />

rêvée, syncopée, martyrisée, émondée, glorifiée, est – dans des périodes qui sont parmi<br />

les plus belles du romantisme français – citée à comparaître. Elle est sommée de<br />

paraître, l'Histoire. Et elle paraît. Avec des traînées de sang. Des houles que gonflent<br />

les étendards militaires et les musiques guerrières. Avec ses cheveux de louve.<br />

Puis l'Essai, c'est aussi, malgré Gobineau, une démonstration par l'absurde. Rien<br />

n'arrête l'homme. L'Histoire a un sens. Elle est irréversible.<br />

Ce passionné sans théorie, peut-être, aujourd'hui, pourrait-il s'en réjouir.<br />

HUBERT JUIN.

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