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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 60<br />

où, cédant à un instinct de vitalité prononcé, elle se donne des lois et commence à jouer<br />

un rôle en ce monde. Par cela même que ses besoins, que ses forces s'accroissent, elle se<br />

trouve en contact inévitable avec d'autres familles, et, par la guerre ou par la paix,<br />

réussit à se les incorporer.<br />

Il n'est pas donné à toutes les familles humaines de se hausser à ce premier degré,<br />

passage néc<strong>essai</strong>re qu'une tribu doit franchir pour parvenir un jour à l'état de nation. Si<br />

un certain nombre de <strong>races</strong>, qui même ne sont pas cotées très haut sur l'échelle<br />

civilisatrice, l'ont pourtant traversé, on ne peut pas dire avec vérité que ce soit là une<br />

règle générale ; il semblerait, au contraire, que l'espèce humaine éprouve une assez<br />

grande difficulté à s'élever au-dessus de l'organisation parcellaire, et que c'est seulement<br />

pour des groupes spécialement doués qu'a lieu le passage à une situation plus<br />

complexe. J'invoquerai, en témoignage, l'état actuel d'un grand nombre de groupes<br />

répandus dans toutes les parties du monde. Ces tribus grossières, surtout celles des<br />

nègres pélagiens de la Polynésie, les Samoyèdes et autres familles du monde boréal et la<br />

plus grande partie des nègres africains, n'ont, jamais pu sortir de cette impuissance, et<br />

vivent juxtaposées les unes aux autres et en rapports de complète indépendance. Les<br />

plus forts massacrent les plus faibles, les plus faibles cherchent à mettre une distance<br />

aussi grande que possible entre eux et les plus forts ; là se borne toute la politique de<br />

ces embryons de sociétés qui se perpétuent depuis le commencement de l'espèce<br />

humaine, dans un état si imparfait, sans avoir jamais pu mieux faire. On objectera que<br />

ces misérables hordes forment la moindre partie de la population du globe ; sans doute,<br />

mais il faut tenir compte de toutes leurs pareilles qui ont existé et disparu. Le nombre<br />

en est incalculable, et il compose certainement la grande majorité des <strong>races</strong> pures dans<br />

les variétés jaune et noire.<br />

Si donc il faut admettre que, pour un nombre très important d'humains, il a été<br />

impossible et l'est à jamais de faire même le premier pas vers la civilisation ; si, en<br />

outre, nous considérons que ces peuplades se trouvent dispersées sur la face entière du<br />

monde, dans les conditions de lieux et de climats les plus diverses, habitant indifféremment<br />

les pays glacés, tempérés, torrides, le bord des mers, des lacs et des rivières, le<br />

fond des bois, les prairies herbeuses, ou les déserts arides, nous sommes induits à<br />

conclure qu'une partie de l'humanité est, en elle-même, atteinte d'impuissance à se<br />

civiliser jamais, même au premier degré, puisqu'elle est inhabile à vaincre les répugnances<br />

naturelles que l'homme, comme les animaux, éprouve pour le croisement.<br />

Nous laissons donc ces tribus insociables de côté, et nous continuons la marche<br />

ascendante avec celles qui comprennent que, soit par la guerre, soit par la paix, si elles<br />

veulent augmenter leur puissance et leur bien-être, c'est une absolue nécessité que de<br />

forcer leurs voisins d'entrer dans leur cercle d'existence. La guerre est bien incontestablement<br />

le plus simple des deux moyens. La guerre se fait donc ; mais, la campagne<br />

finie, quand les passions destructives sont satisfaites, il reste des prisonniers, ces<br />

prisonniers deviennent des esclaves, ces esclaves travaillent ; voilà des rangs, voilà une

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