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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 55<br />

reconnaît pas de tels maux, et des preuves surabondantes sont fournies par l'histoire,<br />

qu'elle échappe sans cesse aux plus redoutables, aux plus longues, aux plus dévastatrices<br />

invasions des souffrances politiques, dont les lois mal conçues et l'administration<br />

oppressive ou négligente sont les extrêmes 1 .<br />

Essayons d'abord de préciser ce que c'est qu'un mauvais gouvernement.<br />

Les variétés de ce mal paraissent assez nombreuses ; il serait même impossible de<br />

les compter toutes ; elles se multiplient à l'infini suivant la constitution des peuples,<br />

les lieux, les temps. Toutefois, en les groupant sous quatre catégories principales, peu<br />

de variétés échapperont.<br />

Un gouvernement est mauvais lorsqu'il est imposé par l'influence étrangère.<br />

Athènes a connu ce gouvernement sous les Trente Tyrans ; elle s'en est débarrassée, et<br />

l'esprit national, loin de mourir chez elle dans le cours de cette oppression, ne fit que<br />

s'y retremper.<br />

Un gouvernement est mauvais lorsque la conquête pure et simple en est la base. La<br />

France, au quatorzième siècle, a, dans sa presque totalité, subi le joug de l'Angleterre.<br />

Elle en est sortie plus forte et plus brillante. La Chine a été couverte et prise par les<br />

hordes mongoles ; elle a fini par les rejeter hors de ses limites, après leur avoir fait subir<br />

un singulier travail d'énervement. Depuis cette époque, elle est retombée sous un autre<br />

joug ; mais, bien que les Mantchoux comptent déjà un règne plus que séculaire, ils sont<br />

à la veille d'éprouver le même sort que les Mongols, après avoir passé par une<br />

semblable préparation affaiblissante.<br />

Un gouvernement est surtout mauvais lorsque le principe dont il est sorti, se<br />

laissant vicier, cesse d'être sain et vigoureux comme il était d'abord. Ce fut le sort de la<br />

monarchie espagnole. Fondée sur l'esprit militaire et la liberté communale, elle<br />

commença à s'abaisser, vers la fin du règne de Philippe II, par l'oubli de ses origines. Il<br />

est impossible d'imaginer un pays où les bonnes maximes fussent plus tombées en<br />

oubli, où le pouvoir parût plus faible et plus déconsidéré, où l'organisation religieuse<br />

elle-même donnât plus de prise à la critique. L'agriculture et l'industrie, frappées<br />

comme tout le reste, étaient quasi ensevelies dans le marasme national. L'Espagne estelle<br />

morte ? Non. Ce pays, dont plusieurs désespéraient, a donné à l'Europe l'exemple<br />

glorieux d'une résistance obstinée à la fortune de nos armes, et c'est peut-être celui de<br />

tous les États modernes dont la nationalité se montre en ce moment la plus vivace.<br />

Un gouvernement est encore bien mauvais lorsque, par la nature de ses institutions,<br />

il autorise un antagonisme, soit entre le pouvoir suprême et la masse de la nation, soit<br />

1 On comprend assez qu'il ne s'agit pas ici de l'existence politique d'un centre de souveraineté, mais<br />

de la vie d'une société entière, de la perpétuité d'une civilisation. C'est ici le lieu d'appliquer la<br />

distinction indiquée plus haut.

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