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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 59<br />

dégénéré, est un produit différent, au point de vue ethnique, du héros des grandes<br />

époques. Je veux bien qu'il possède quelque chose de son essence ; mais, plus il<br />

dégénère, plus ce quelque chose s'atténue. Les éléments hétérogènes qui prédominent<br />

désormais en lui composent une nationalité toute nouvelle et bien malencontreuse dans<br />

son originalité ; il n'appartient à ceux qu'il dit encore être ses pères, qu'en ligne très<br />

collatérale. Il mourra définitivement, et sa civilisation avec lui, le jour où l'élément<br />

ethnique primordial se trouvera tellement subdivisé et noyé dans des apports de <strong>races</strong><br />

étrangères, que la virtualité de cet élément n'exercera plus désormais d'action suffisante.<br />

Elle ne disparaîtra pas, sans doute, d'une manière absolue ; mais, dans la pratique, elle<br />

sera tellement combattue, tellement affaiblie, que sa force deviendra de moins en moins<br />

sensible, et c'est à ce moment que la dégénération pourra être considérée comme<br />

complète, et que tous ses effets apparaîtront.<br />

Si je parviens à démontrer ce théorème, j'ai donné un sens au mot de dégénération.<br />

En montrant comment l'essence d'une nation s'altère graduellement, je déplace la<br />

responsabilité de la décadence ; je la rends, en quelque sorte, moins honteuse ; car elle<br />

ne pèse plus sur des fils, mais sur des neveux, puis sur des cousins, puis sur des alliés<br />

de moins en moins proches ; et lorsque je fais toucher au doigt que les grands peuples,<br />

au moment de leur mort, n'ont qu'une bien faible, bien impondérable partie du sang des<br />

fondateurs dont ils ont hérité, j'ai suffisamment expliqué comment il se peut faire que<br />

les civilisations finissent, puisqu'elles ne restent pas dans les mêmes mains. Mais là, en<br />

même temps, je touche à un problème encore bien plus hardi que celui dont j'ai tenté<br />

l'éclaircissement dans les chapitres qui précèdent, puisque la question que j'aborde est<br />

celle-ci :<br />

Y a-t-il entre les <strong>races</strong> humaines des différences de valeur intrinsèque réellement<br />

sérieuses, et ces différences sont-elles possibles à apprécier ?<br />

Sans tarder davantage, j'entame la série des considérations relatives au premier<br />

point ; le second sera résolu par la discussion même.<br />

Pour faire comprendre ma pensée d'une manière plus claire et plus saisissable, je<br />

commence par comparer une nation, toute nation, au corps humain, à l'égard duquel les<br />

physiologistes professent cette opinion, qu'il se renouvelle constamment, dans toutes<br />

ses parties constituantes, que le travail de transformation qui se fait en lui est<br />

incessant, et qu'au bout de certaines périodes, il renferme bien peu de ce qui en était<br />

d'abord partie intégrante, de telle sorte que le vieillard n'a rien de l'homme fait, l'homme<br />

fait rien de l'adolescent, l'adolescent rien de l'enfant, et que l'individualité matérielle<br />

n'est pas autrement maintenue que par des formes internes et externes qui se sont<br />

succédé les unes aux autres en se copiant à peu près. Une différence que j'admettrai<br />

pourtant entre le corps humain et les nations, c'est que, dans ces dernières, il est très<br />

peu question de la conservation des formes, qui se détruisent et disparaissent avec<br />

infiniment de rapidité. je prends un peuple, ou, pour mieux dire, une tribu, au moment

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