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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 169<br />

les Indiens de l'Amérique espagnole sont moins malheureux et continuent à vivre,<br />

tandis que les voisins des Anglo-Saxons périront sans miséricorde.<br />

Ce n'est pas seulement pour les sauvages que la civilisation est incommunicable,<br />

c'est aussi pour les peuples éclairés. La bonne volonté et la philanthropie française en<br />

font, en ce moment, l'épreuve dans l'ancienne régence d'Alger d'une manière non moins<br />

complète que les Anglais dans l'Inde et les Hollandais à Batavia. Pas d'exemples, pas de<br />

preuves plus frappantes, plus concluantes de la dissemblance et de l'inégalité des <strong>races</strong><br />

entre elles.<br />

Car si l'on raisonnait seulement d'après la barbarie de certains peuples, et que,<br />

déclarant cette barbarie originelle, on en conclût que toute espèce de culture leur est<br />

refusée, on s'exposerait à des objections sérieuses. Beaucoup de nations sauvages ont<br />

conservé des t<strong>races</strong> d'une situation meilleure que celle où nous les voyons plongées. Il<br />

est des tribus, fort brutales d'ailleurs, qui, pour la célébration des mariages, pour la<br />

répartition des héritages, pour l'administration politique, ont des règlements traditionnels<br />

d'une complication curieuse, et dont les rites, aujourd'hui privés de sens, dérivent<br />

évidemment d'un ordre d'idées supérieur. On en cite, comme témoignage, les tribus de<br />

Peaux-Rouges errant dans les vastes solitudes que l'on suppose avoir vu jadis les<br />

établissements des Alléghaniens 1 . Il est d'autres peuples qui possèdent des procédés<br />

de fabrication dont ils ne peuvent être les inventeurs : tels les naturels des îles<br />

Mariannes. Ils les conservent sans réflexion, et les mettent en usage, pour ainsi dire,<br />

machinalement.<br />

Il y a donc lieu d'y regarder de près lorsque, voyant une nation dans l'état de<br />

barbarie, on se sent porté à conclure qu'elle y a toujours été. Pour ne commettre aucune<br />

erreur, tenons compte de plusieurs circonstances.<br />

Il y a des peuples qui, saisis par l'activité d'un race parente, s'y soumettent à peu<br />

près, en acceptent certaines conséquences, en retiennent certains procédés ; puis, lorsque<br />

la race dominatrice vient à disparaître, soit par expulsion, soit par immersion<br />

complète dans le sein des vaincus, ceux-ci laissent périr la culture presque entière, les<br />

principes surtout, et n'en gardent que le peu qu'ils en ont pu comprendre. Ce fait ne<br />

peut d'ailleurs arriver qu'entre des nations alliées par le sang. Ainsi ont agi les<br />

Assyriens envers les créations chaldéennes ; les Grecs syriens et égyptiens, vis-à-vis<br />

des Grecs d'Europe ; les Ibères, les Celtes, les Illyriens, à l'encontre des idées romaines.<br />

Si donc les Cherokees, les Catawhas, les Muskhogees, les Séminoles, les Natchez, etc.,<br />

ont gardé une certaine empreinte de l'intelligence alléghanienne, je n'en conclurai pas<br />

qu'ils sont les descendants directs et purs de la partie initiatrice de la race, ce qui entraînerait<br />

la conséquence qu'une race peut avoir été civilisée et ne l'être plus : je dirai que,<br />

si quelqu'une de ces tribus tient encore ethniquement à l'ancien type dominateur, c'est<br />

1 Prichard, Histoire naturelle de l’homme, t. II, p. 78.

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