06.05.2013 Views

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

essai_inegalite_races_1

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 98<br />

peuple est tenue avec grand soin dans un état « d'engourdissement, d'inertie, je ne veux<br />

pas dire d'oppression, parce qu'il « n'en a pas le sentiment, mais de compression. Ceci<br />

n'est pas sans exemple. « Il y a un grand nombre de petites républiques aristocratiques,<br />

où les sujets « ont été ainsi traités comme des troupeaux, bien tenus et matériellement<br />

« heureux, mais sans activité intellectuelle et morale. Est-ce là la « civilisation ? Est-ce<br />

là un peuple qui se civilise ? »<br />

Je ne sais pas si c'est là un peuple qui se civilise, mais certainement ce peut être un<br />

peuple très civilisé, sans quoi il faudrait repousser parmi les hordes sauvages ou<br />

barbares toutes ces républiques aristocratiques de l'antiquité et des temps modernes<br />

qui se trouvent, ainsi que M. Guizot le remarque lui-même, comprises dans les limites<br />

de son hypothèse ; et l'instinct public, le sens général, ne peuvent manquer d'être<br />

blessés d'une méthode qui rejette les Phéniciens, les Carthaginois, les Lacédémoniens,<br />

du sanctuaire de la civilisation, pour en faire de même ensuite des Vénitiens, des<br />

Génois, des Pisans, de toutes les villes libres impériales de l'Allemagne, en un mot, de<br />

toutes les municipalités puissantes des derniers siècles. Outre que cette conclusion<br />

paraît en elle-même trop violemment paradoxale pour que le sentiment commun auquel<br />

il est fait appel soit disposé à l'admettre, elle me semble affronter encore une difficulté<br />

plus grande. Ces petits États aristocratiques auxquels, en vertu de leur forme de<br />

gouvernement, M. Guizot refuse l'aptitude à la civilisation, ne se sont jamais trouvés,<br />

pour la plupart en possession d'une culture spéciale et qui n'appartînt qu'à eux. Tout<br />

puissants qu'on en ait vu plusieurs, ils se confondaient, sous ce rapport, avec des<br />

peuples différemment gouvernés, mais de race très parente, et ne faisaient que participer<br />

à un ensemble de civilisation, Ainsi, les Carthaginois et les Phéniciens, éloignés les<br />

uns des autres, n'en étaient pas moins unis dans un mode de culture semblable et qui<br />

avait son type en Assyrie. Les républiques italiennes s'unissaient dans le mouvement<br />

d'idées et d'opinions dominant au sein des monarchies voisines. Les villes impériales<br />

souabes et thuringiennes, fort indépendantes au point de vue politique, étaient tout à<br />

fait annexées au progrès ou à la décadence générale de la race allemande. Il résulte de ces<br />

observations que M. Guizot, en distribuant ainsi aux peuples des numéros de mérite<br />

calculés sur le degré et la forme de leurs libertés, crée dans les <strong>races</strong> des disjonctions<br />

injustifiables et des différences qui n'existent pas. Une discussion poussée trop loin ne<br />

serait pas à sa place ici, et je passe rapidement ; si pourtant il y avait lieu d'entamer la<br />

controverse, ne devrait-on pas se refuser à admettre pour Pise, pour Gênes, pour<br />

Venise et les autres, une infériorité vis-à-vis de pays tels que Milan, Naples et Rome ?<br />

Mais M. Guizot va lui-même au-devant de cette objection. S'il ne reconnaît pas la<br />

civilisation chez un peuple « doucement gouverné, mais retenu dans une « situation de<br />

compression », il ne l'admet pas davantage chez un autre peuple « dont l'existence<br />

matérielle est moins douce, moins commode, supportable « cependant dont, en revanche,<br />

on n'a point négligé les besoins moraux, « intellectuels... ; dont on cultive les<br />

sentiments élevés, purs ; dont les « croyances religieuses, morales, ont atteint un<br />

certain degré de développement, « mais chez qui le principe de la liberté est étouffé ;

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!