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VOYAGE EN ITALIE. 7<br />

Il faut que j'ajoute une observation sur le temps.<br />

Dans la plaine on le reçoit tout fait, au milieu des<br />

montagnes on le voit rattre.<br />

Lorsque les montagnes dessinent devant nous leurs<br />

formes innombrables, on les croit inactives parce qu'elles<br />

sont calmes; quant à moi, je ne puis m'empêcher d'attribuer<br />

à leur action intérieure et mystérieuse, les divers<br />

changements de l'atmosphère. J'ai la conviction que la<br />

terre et surtout ses immenses protubérances, ne manifestent<br />

pas leurs forces attractives par une action permanente<br />

et uniforme , mais par des pulsations que des<br />

causes nécessaires ou accidentelles ralentissent ou accélèrent<br />

tour à tour. Quand elles se ralentissent, l'air diminue<br />

de pesanteur et d'électricité , l'atmosphère ne peut plus<br />

supporter l'humidité, physiquement et mécaniquement répandue<br />

en lui; alors les nuées descendent et se dissolvent<br />

en pluies plus ou moins abondantes et durables. Que la<br />

gravitation des montagnes augmente, l'élasticité de l'air se<br />

rétablit et fait surgir deux phénomènes importants : Les<br />

montagnes rassemblent autour d'elles d'immenses masses<br />

de nuages et les retiennent immobiles et roides comme<br />

autant de cimes nouvelles au-dessus de leurs cimes antiques,<br />

jusqu'à ce que le combat intérieur des forces électriques<br />

fasse descendre ces nuées en orages, en brouillards,<br />

en pluies. Dès qu'elles ont subi 'cette loi, l'air élastique<br />

s'empare de leurs restes, car il est redevenu capable de<br />

recevoir un grand volume d'eau, de l'élaborer et de le dissoudre.<br />

J'ai vu très-distinctement un nuage se dévorer ainsi<br />

lui-même. II s'était suspendu sur la pointe d'un rocher<br />

escarpé, les derniers rayons du soleil couchant l'éclairaient,<br />

ses bords se sont détachés lentement les uns après<br />

les autres, en s'élevant plus haut, toujours plus haut, puis<br />

ils ont disparu; peu à peu la masse entière s'est anéantie<br />

ainsi. On eût dit une quenouille bien garnie dont le lin<br />

disparaissait sous la main habile d'une fileuse invisible.

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