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420 MEMOIRES DE GOETHE.<br />

l'échelle sociale, et sur lesquels je vais donner quelques<br />

explications.<br />

11 existait alors à Iéna, et depuis fort longtemps, une<br />

foule de jeunes garçons qu'on pouvait, sans exagération,<br />

comparer aux lazzaroni de Naples. On les trouvait à tous<br />

les coins des rues toujours prêts à faire, moyennant une<br />

modique rétribution, les commissions des habitants et surtout<br />

celles des étudiants, qui les désignaient sous le nom<br />

de nègres, sans doute parce que le soleil avait noirci leur<br />

peau et qu'ils étaient insensibles à la fatigue.<br />

Ces jeunes gens jouissaient, je ne sais à quel titre, du<br />

droit d'allumer le feu de la Saint-Jean sur le mont Hausberg,<br />

et toutes les servantes de la ville leur conservaient,<br />

pour cet usage, les balais mis hors de service pendant le<br />

cours de l'année. Cette fois, ils avaient eu l'idée de disposer<br />

ces balais de manière à former un bûcher, puis deux lignes<br />

descendant la montagne, et entre ces deux lignes une<br />

troisième, destinée à supporter le transparent avec le chiffre<br />

et la couronne. La manière adroite de mettre le feu au<br />

bûcher et aux lignes avait fait le reste.<br />

Quoique accablé de travaux par l'organisation des sociétés<br />

scientifiques qui avaient nécessité ma présence à Iéna, je<br />

m'occupai des lettres de Winckelmann, adressées au conseiller<br />

de cour Berendis et qui étaient depuis longtemps<br />

entre mes mains. Secondé par mon ami Meyer, par Wolf,<br />

Fernow et plusieurs autres, je parvins à réunir, dans un<br />

beau volume, ces lettres si précieuses, puisqu'elles fournissent<br />

au public le moyen d'apprécier le mérite d'un homme<br />

aussi extraordinaire que l'était Winckelmann.<br />

De son côté, Schiller me remit un manuscrit français en<br />

m'invitant à le traduire; c'était le Neveu de Rameau, par<br />

Diderot. J'avais depuis longtemps une profonde estime,<br />

non pour la manière de penser et de sentir de Diderot,<br />

mais pour son talent d'écrire et de peindre les hommes<br />

et les choses. Le manuscrit en question me parut digne de<br />

lui; jamais encore je n'avais rien vu de plus modestement

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