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CAMPAGNE DE FRANCE. 275<br />

Par là, (lisait-one notre armée se trouverait dans un pays<br />

assez riche pour satisfaire à tous nos. besoins„ et Dumouriez<br />

serait obligé de quitter sa position, avantageuse, et de<br />

nous offrir en plaine, une bataille que nous ne pouvions<br />

manquer de gagner.<br />

Le 19 septembre.<br />

L'ordre de marcher sur Massige, en laissant l'Aisne et<br />

ses montagnes boisées à notre gauche, nous a été donné<br />

dès le point du jour. Pendant ce trajet, un singulier<br />

phénomène d'optique est venu me réjouir.<br />

Afin de pouvoir faire avancer plusieurs colonnes à la<br />

fois, on avait dirigé celle dont je faisais partie à travers un<br />

enchaînement de collines. La pente d'une de ces collines<br />

était tellement rapide que, même après l'avoir adoucie à<br />

coups de pioches, la colonne n'a pu la descendre qu'en se<br />

rompant. Je m'étais arrêté sur le sommet; un rayon de soleil<br />

perça tout à coup les sombres nuages dont le ciel était<br />

chargé depuis notre entrée en France, et fit briller les<br />

baïonnettes et les fusils de nos soldats, au point que cet<br />

amas d'armes avait l'air d'un fleuve étincelant; et quand<br />

chaque homme s'est mis à descendre séparément et en<br />

sautant par-dessus des amas de pierres ou de terre, on eût<br />

dit qu'une immense cascade se précipitait dans la vallée.<br />

Et lorsqu'au pied de la colline, la colonne s'est réunie et a<br />

repris sa marche régulière, c'était, à mes yeux, le fleuve<br />

qui rentrait dans son lit.<br />

A une heure après midi, nous sommes arrivés à Massige.<br />

Quoique sous les yeux de l'ennemi, car deux lieues à peine<br />

nous séparaient de lui, on avait déjà pris les dimensions du<br />

camp. Les pieux étaient enfoncés, un grand feu brillait au<br />

milieu de la place qui devait recevoir les tentes; et les<br />

marmitons venaient d'ouvrir le chariot qui renfermait les<br />

provisions et les ustensiles de la cuisine du duc . et de sa<br />

suite. Tout à coup on entendit dire de tous côtés que le<br />

camp n'aurait pas lieu, parce qu'on venait d'apprendre<br />

que l'armée française avait quitté les hauteurs de Sainte-

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