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286 MÉMOIRES DE GOETHE.<br />

Notre réveil ne fut rien moins qu'agréable, car nous ne<br />

pouvions nous dissimuler que notre position était aussi<br />

humiliante que désespérée. Allégés de plus de dix mille<br />

boulets, nous étions, moins que jamais, disposés à attaquer<br />

les Français, toujours retranchés dans leur imprenable ain<br />

phithé9tre dont nous étions séparés par des étangs, des<br />

ruisseaux et des marais.<br />

Nos hussards et ceux des Français cependant, se poursuivaient<br />

à travers les champs et les jardins, et avançaient<br />

et reculaient tour à tour, comme s'ils eussent voulu nous<br />

amuser par le simulacre d'une guerre. Un seul des nôtres<br />

perdit la vie dans ce jeu sans résultat; mais la maladie<br />

épidémique qui, depuis plusieurs jours déjà, régnait dans<br />

notre armée, fit de si nombreuses victimes, et répandit un<br />

découragement si général, que les plus courageux,, les<br />

plus déterminés, reconnurent la nécessité d'une trêve et<br />

l'impossibilité d'offrir ou d'accepter une bataille.<br />

Par respect pour soi-même, on ne fit aucun mouvement<br />

rétrograde pendant la journée; mais dès que la nuit<br />

fut venue, on se retira insensiblement, et l'on fit avancer les<br />

bagages, ce qui exposait nos serviteurs à une mort presque<br />

certaine; et nous autorisait à craindre la perte de tout ce<br />

que nous possédions.<br />

Les monts d'Argonne étaient, depuis Sainte-Menehould<br />

jusqu'à Grandpré, occupés par les Français, dont les hussards<br />

continuaient à nous faire une petite guerre destructive.<br />

Un, secrétaire du duc de Brunswick et plusieurs personnes<br />

de sa suite, avaient été faits personniers dès la veille,<br />

non loin de notre barricade de chariots qui, au reste, ne<br />

méritait pas ce nom. Les chariots étaient mal placés et<br />

n'avaient pas assez de monde pour les défendre, même<br />

contre un coup de main.<br />

Au milieu de ces dangers réels circulaient les bruits les<br />

plus alarmants. Un coureur du général Kalckreuth, pris par<br />

les Français et presque aussitôt relâché par eux, captiva

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