22.06.2013 Views

GoetheMemoires2.pdf

GoetheMemoires2.pdf

GoetheMemoires2.pdf

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

268 MEMOIRES DE GOETHE.<br />

Après Are sortie sans accident des portes de Verdun, ma<br />

chaise se trouva prise dans une file de voitures suivant un<br />

régiment qui m'était tout à fait inconnu. La route était fort<br />

étroite, des fossés profonds la bordaient de chaque côté,<br />

il fallait donc me résigner à la suivre sans savoir où elle me<br />

conduirait. Personne, au reste, ne savait où il allait et tout<br />

le monde était de fort mauvaise humeur. Bientôt je vis, au<br />

fond d'une vallée, un amas de maisons et un château vers<br />

lequel on pouvait descendre par un chemin de traverse.<br />

Les officiers, les voitures et les domestiques qui, par une<br />

autre route, débouchaient dans la vallée, m'autorisaient à<br />

croire qu'il y avait là un quartier général, et comme j'espérais<br />

que c'était celui du duc de Weimar, je fis diriger<br />

mon petit équipage de ce côté. C'était en effet un quartier<br />

général, celui du roi de Prusse, c'est-à-dire Glorieux.<br />

Je demandais en vain à tout le monde où était Jardin-<br />

Fontaine, lorsque le ciel m'envoya enfin une de mes anciennes<br />

connaissances, qui me dit qu'il fallait retourner<br />

vers Verdun par des chemins vicinaux et nie tenir toujours<br />

à gauche.<br />

Grâce à ces indications, je finis par trouver le camp du<br />

duc. Les tentes étaient dressées, mais les pieux se perdaient<br />

dans la boue, les boucles à demi pourries s'étaient<br />

brisées, et les toiles flottaient sur la tête et sur les épaules<br />

des malheureux, qui avaient espéré trouver là un refuge<br />

contre le vent et la pluie.<br />

Cette situation était tellement intolérable qu'on prit<br />

le parti d'aller habiter le village. Je fus logé chez un propriétaire<br />

aisé qui avait été autrefois cuisinier en Allemagne.<br />

Il me reçut avec une gaieté moqueuse, et quoique mes<br />

repas me fussent envoyés de la table du duc, il me pria<br />

de vouloir bien tâter de sa cuisine; j'y consentis. Le dîner<br />

qu'il me servit était exquis et cependant j'en fus si incommodé,<br />

que l'idée d'un empoisonnement me revint à l'esprit.<br />

Heureusement je me souvins que les sauces de mon<br />

hôte, devaient leur excellence à un léger assaisonnement

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!